Un coup d'épée dans l'eau ? Le bilan restait en tout cas décevant pour la délégation de médecins hospitaliers reçue, mardi 4 juillet, par le cabinet de François Braun. Ce même jour, les trois syndicats de PH signataires du Ségur de la santé (INPH, Snam-HP et CMH) manifestaient leur colère devant le ministère. Ces trois organisations avaient appelé les médecins à faire grève à la suite de la rupture des négociations sur l’attractivité des carrières, mi-mai. Une journée d'action historique qui suivait une autre mobilisation des PH, la veille, à l'appel cette fois de l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH, non-signataire du Ségur), pour les mêmes motifs (statut, reprise de l'ancienneté, pénibilité et conditions de travail).
Pas de culture de la grève
Côté positif, l'INPH, la CMH et le Snam-HP se sont félicités d'une mobilisation « massivement suivie » dans plus de 50 % des hôpitaux, avec un taux de grévistes qui a « largement » dépassé les 60 %, preuve s'il en fallait du malaise. La modalité d’action la plus respectée a été la déclaration d’une heure de grève aux directions hospitalières. Et les spécialités les plus touchées ont été la psychiatrie, la réanimation, la biologie, la chirurgie, la pédiatrie et la radiologie. De son côté, la conférence des présidents de CME de CH a salué « une mobilisation massive, totalement inhabituelle au sein d’une profession qui n’a pas la culture de la grève ». Un « signal majeur d’alerte qui ne peut rester sans suite ».
Face au cabinet de François Braun, la délégation des PH a pu exposer ses sujets d'inquiétude, voire de colère – du manque d'attractivité des carrières à la PDS en passant par la pénibilité ou la problématique spécifique des hospitalo-universitaires. Si quelques « assurances » ont été données quant à « la volonté du ministre de faire aboutir les négociations » entamées depuis le début de l’année, il manque toujours « un feu vert interministériel pour le mandat de négociation et le montant de l’enveloppe financière », se désolent les trois syndicats. En clair, Ségur serait prêt à bouger mais Bercy et Matignon freinent. Et ce n'est certainement pas la majoration de 1,5 % accordée début juillet (hausse du point d'indice) qui a calmé le jeu des hospitaliers. « Le tarif de base de la permanence des soins est majoré de moins de 5 euros brut pour les gardes, soit 4 euros nets, soit le prix de 2 cafés… », ironise APH.
À la rentrée ?
Contactée par « Le Quotidien », la Pr Myriam Edjlali-Goujon (Snam-HP), qui faisait partie de la délégation reçue au ministère, considère que ce rendez-vous aurait été « positif si nous avions eu des dates précises sur la reprise des négociations ». La radiologue est donc restée « sur sa faim » d’autant que « le montant de l’enveloppe budgétaire n’a pas été communiqué ».
Le ministère se serait engagé à reprendre les négos « à la rentrée prochaine » alors que les syndicats s'impatientent. « Ce n’est plus entendable d’attendre », résume la Pr Edjlali-Goujon. Sans nouvelles de la part du ministère en septembre, elle prévient que « les syndicats n’en resteront pas là ». Un point de vue à l'unisson de celui exprimé par plusieurs autres syndicats de PH. De source syndicale, le cabinet de François Braun a hiérachisé ses priorités : la permanence des soins, la revalorisation des retraites hospitalo-universitaires et les carrières des praticiens. Sur ce dernier point, il s’agira notamment de « diminuer la durée des échelons de fin de carrière » pour que les PH « puissent les atteindre », précise la radiologue francilienne.
Les hospitalo-universitaires déçus
Faute de visibilité, certains craignent déjà de faire les frais du manque de moyens pour traduire les promesses en actes. Le ministère de la Santé semble « obnubilé par la PDS », confie au « Quotidien » le Pr Guillaume Captier (INPH), qui faisait lui aussi partie de la délégation. Le chirurgien du CHU Montpellier déplore le peu d'intérêt du cabinet de François Braun pour « les conditions de travail qui se dégradent en raison du manque de personnel », alors que 30 % des postes de PH sont vacants. Celui qui est aussi président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU) ne comprend pas pourquoi les négos sur les retraites HU sont interrompues depuis mars. Pourtant, le manque d'attractivité pour la carrière hospitalo-universitaire a été souligné par le rapport Uzan remis à François Braun. Comme ses confrères, le Pr Captier suggère que « Bercy bloque » et pointe « une certaine passivité » du ministère de la Santé.
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