Avec quelques nuances, les syndicats de praticiens hospitaliers ont réservé un accueil critique au plan d’action présenté lundi par Marisol Touraine pour rendre plus attractives les carrières médicales à l’hôpital.
Salué du moins par les jeunes médecins, cet arsenal de 12 grandes mesures est le fruit de plusieurs années de concertation et d’une ribambelle de rapports (Toupillier, Couty, Véran et Le Menn...).
Il manque des gros morceaux, regrette Avenir hospitalier
« Il fallait un choc d’attractivité, mais il arrive avec deux ans de retard », a commenté le Dr Nicole Smolski, présidente d’Avenir hospitalier. « Ne boudons pas notre plaisir, certaines mesures étaient revendiquées depuis plus de 10 ans », affirment tout de même Avenir hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH) dans un communiqué commun. Les deux organisations citent la nouvelle prime qui sera proposée à 3 000 praticiens qui s’engageront d’ici à fin 2018 dans un zone sous tension ou dans une spécialité sinistrée, les simplifications statutaires, la prime d’exercice territorial, les revalorisations des astreintes...
Malgré tout, il manque « quelques gros morceaux », déplorent les deux syndicats. Avenir et la CPH brocardent les « mesurettes » visant à encadrer l’intérim médical, l’écart persistant de rémunération entre la fin du post-internat et le statut de PH. Ils réclament que les praticiens qui travaillent 24 heures de suite puissent se voir créditer d’une demi-journée de travail supplémentaire (5e demi-journée). « Les moyens attribués devront être à la hauteur des espoirs suscités », affirment les Drs Nicole Smolski (Avenir) et Jacques Trévidic (CPH).
Trop lent, trop flou, estime l’INPH
L’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) est très critique. Le syndicat présidé par le Dr Rachel Bocher estime que ce document ne règle en rien l’urgence de la situation (en raison du nombre important de départs en retraite). Même si plusieurs propositions retenues étaient défendues par l’INPH, (reconnaissance des valences non cliniques, prime d’exercice territorial, DPC opérationnel...) les délais d’entrée en application de la réforme (dans les trois ans) risquent d’en atténuer la portée. « Tout est renvoyé vers d’hypothétiques comités de suivi, de semestre en semestre, de réunion en réunion », s’impatiente l’INPH.
Convergences HP est sur la même longueur d’onde. « Les engagements présentés par la ministre aujourd’hui sont très en deçà de ce que nous sommes en droit d’attendre compte tenu de la crise majeure que nous traversons », affirme le syndicat qui regroupe la CMH et le SNAM-HP. Plutôt que des « mesures parcellaires et conjoncturelles », Convergences-HP réclame une « revalorisation globale de tous les hospitaliers », une reconnaissance de toutes les tâches (notamment administratives) et de la pénibilité pour toutes les disciplines.
Des phrases pour rien, selon le SNPHARe
La déception est plus forte encore pour le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe). « Les 12 propositions retenues ne vont pas changer le quotidien des PH, affirme le syndicat du Dr Yves Rébufat. Beaucoup de phrases ne signifient rien de concret et finiront aux oubliettes. » Pire : les avancées positives que le syndicat a identifiées (un seul niveau d’astreinte et un seul niveau de temps additionnel) sont conditionnées à la mise en place des groupements hospitaliers de territoires (GHT). « Il faudra attendre longtemps pour espérer les voir se concrétiser », ironise le SNPHARe.
La Fédération hospitalière de France (FHF) salue de son côté le plan Touraine, et plus particulièrement « les mesures relatives à l’attractivité qui ciblent les jeunes médecins, les spécialités en tension, les zones sous-denses ». Elle pose en préalable indispensable à cette réforme, la réorganisation territoriale, et veillera à obtenir un « calendrier réaliste de mise en œuvre » et à « leur accompagnement financier ».
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