Plus d’un tiers des patients de plus de 75 ans, vivant à domicile et polymédiqués, éprouvent des difficultés pour la gestion de leur traitement alors même qu’ils sont considérés comme autonomes par leur médecin généraliste. Telle est la conclusion d’un travail de recherche publié dans le dernier numéro de la revue Exercer(1).
› Cette étude a été menée à Paris auprès 20 médecins généralistes qui devaient inclure 5 patients de plus de 75 ans polymédiqués, gérants seuls leurs traitements. Par la suite, une centaine de patients âgés en moyenne de 83,7 ans ont été visités à leur domicile pour recueillir des données sur leur dextérité (ouvrir une porte, une boîte de conserve, une bouteille d’eau), leur état cognitif, des éléments socio-démographiques et leur implication dans la gestion de leur traitement. Une évaluation du patient était aussi réalisée par une mise en situation. La survenue à cette occasion d’une erreur de gestion médicamenteuse définissait le critère de jugement principal. Les patients consommaient en moyenne
8,03 médicaments différents par jour. Il s’agissait de femmes dans plus de 70 % des cas et près de 60 % des patients vivaient seuls.
› À l’issue des visites et après analyse des données, 66 patients ont été jugés capables de gérer de manière autonome leur traitement à domicile. Cette capacité était corrélée au faible besoin d’aide ressenti (ménage, courses, préparation des repas, gestion des papiers, prise des médicaments) et à l’aisance manuelle. L’âge du patient ou le nombre de médicaments n’étaient pas liés à un défaut d’aptitude. Et à l’inverse, 34 % des malades considérés comme autonomes pour leur gestion médicamenteuse à domicile par leur médecin généraliste ressentent le besoin d’être aidés et sont en fait malhabiles.
› Si les commentateurs de l’étude pointent le faible taux de participation des médecins (20 sur 168 contactés) ou le fait que les patients étaient issus exclusivement d’une population urbaine, ils soulignent toutefois la discordance qui peut exister entre une évaluation fine à domicile et la perception du médecin généraliste. « Autrefois, la compliance du patient était un postulat fort de la prescription médicamenteuse. Le malade était soumis au savoir (…) de nos jours, le patient devient acteur dans la prise de décision thérapeutique (…) Face à cette évolution, la personne âgée se retrouve souvent démunie avec des capacités personnelles amoindries. »
› À l’heure où selon le bilan démographique 2010 de l’INSEE, un Français sur six a plus de 65 ans et où 20 % des causes d’hospitalisation des patients de plus de 80 ans seraient attribuables à un accident iatrogénique, l’évaluation du risque d’erreur de gestion médicamenteuse est une priorité. En conclusion de l’étude, les auteurs proposent parmi les pistes d’amélioration, outre l’évaluation de la dextérité du patient à domicile ou au cabinet par l’échelle IADL, l’intervention d’un ergothérapeute et la participation active du pharmacien qui délivre les médicaments.
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