J’EXPLIQUE
> Le psoriasis est une inflammation chronique de la peau, qui entraîne la prolifération des cellules de l'épiderme : les kératinocytes. Au lieu de se renouveler en 28 jours, ces derniers se renouvellent en 3 jours.
> L'évolution est imprévisible. On peut avoir une poussée isolée unique de psoriasis ou ne présenter de nouvelles lésions que plusieurs années après ; à l’inverse, 20 % des cas sont considérés comme « modérés à sévères ».
> Dans 30 % des cas, on retrouve un terrain familial. La conjonction de plusieurs anomalies génétiques défavorables est nécessaire pour exprimer la maladie.
J’INFORME
Sur un terrain génétique particulier, le psoriasis est révélé (et non pas causé) par certains facteurs environnementaux :
- stress (30-40 % des patients) ou choc émotionnel ;
- frottement cutané : 5 minutes de grattage réactivent le psoriasis pendant 2 semaines ;
- certains médicaments : bêta-bloquants (y compris collyre), lithium, AINS, antimalariques de synthèse, IEC mais aussi sartans… Des cas ont été décrits avec l’amiodarone, les inhibiteurs calciques, la fluoxétine, l’amoxicilline, la progestérone. La période de latence varie de quelques jours à 1 an ;
- certains facteurs infectieux (chez l’enfant : apparition de psoriasis en gouttes au décours d'angine à streptocoques) ;
- La période menstruelle, parfois.
> Alcool et tabac sont des facteurs aggravants. Chez certains patients, une prise « normale » d’alcool peut, dès le lendemain, déclencher une poussée ;
> Le soleil améliore les symptômes de 70 % des patients… mais les aggrave parfois chez d’autres.
> Lorsque le patient est bien informé et se sent capable de contrôler, avec l’aide de son médecin, les poussées de la maladie, sa qualité de vie est toujours meilleure.
JE PRESCRIS
> Les traitements doivent être poursuivis 1 an après la disparition des lésions sous peine de rechute, voire d’aggravation.
> Certains traitements sont vécus comme insuffisamment ou pas assez rapidement efficaces, d'autres comme trop contraignants.
> Un dialogue médecin-patient dans la durée est nécessaire. L’hydratation cutanée doit être faite juste après la douche. L’application de vaseline peut ralentir de 50 % le renouvellement épidermique d’une plaque de psoriasis.
> Les dermocorticoïdes réduisent l’inflammation de la peau psoriasique mais sont limités à 10 % de la surface corporelle totale.
> Dans les plis, on utilise préférentiellement des laits, en diminuant la puissance dermocorticoïde.
> L’association calcipotriol +bétaméthasone, facile d’utilisation, ralentit la multiplication et la maturation des kératinocytes. On prescrit une application/jour le premier mois, puis un traitement d'entretien.
> La crénothérapie pourrait améliorer la qualité de vie d’un quart des patients. Les autres traitements (photothérapie, immunomodulateurs…) requièrent l’avis du spécialiste.
> Les corticoïdes par voie générale sont formellement proscrits en raison du risque d’érythrodermie ou de poussée pustuleuse à l’arrêt.
J’ALERTE
> Les formes sévères peuvent être liées à la grande étendue des lésions lorsqu'elles constituent un handicap (professionnel, psychologique, sexuel…), ou du fait d'une spécificité (psoriasis érythrodermique, psoriasis pustuleux, psoriasis au cours de l'infection par le VIH).
> Les comorbidités sont plus fréquentes dans les formes modérées à sévères. Leur traitement améliore souvent le psoriasis via une meilleure hygiène de vie.
> Le syndrome métabolique semble davantage corrélé à la durée du psoriasis qu’à sa sévérité. Non traité, il expose à un risque cardiovasculaire doublé voire triplé, et un risque de diabète x3 à x9. Le psoriasis peut s’améliorer avec la perte de poids.
> Le rhumatisme psoriasique atteint 10-15 % des psoriasiques et atteint principalement les articulations interphalangiennes distales, mais également de grosses articulations. Il existe une forme avec atteinte axiale, proche de la spondylarthrite ankylosante. Il peut être rapidement destructeur, d’où l’importance cruciale d’un diagnostic précoce.
> 30 à 40 % des patients ayant un psoriasis modéré à sévère ont un syndrome dépressif. Le retentissement du psoriasis sur la vie quotidienne explique en grande partie ces plus fréquentes dépressions, mais elles évoluent ensuite à leur propre compte. Le traitement conjoint du psoriasis et de la dépression est requis pour sortir du cercle vicieux.
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