Ce jeune couple est désemparé : Eliot, leur bébé de 7 semaines, pleure plusieurs heures par jour, surtout le soir et ils ne comprennent pas leurs difficultés à le calmer. L’enfant prend bien ses biberons, a un transit régulier, sa croissance est satisfaisante, son examen clinique normal.
COLIQUES OU PLEURS EXCESSIFS OU PLEURS NORMAUX?
S’agit-il dans le cas d’Eliot de pleurs « normaux » ou « excessifs »? Il faut interroger les parents sur les horaires, la durée de ces pleurs et le comportement de l’enfant en dehors de ces périodes.
Faire cette distinction est cependant malaisé, on parle de « douleurs excessives » ou « coliques» lors qu’un bébé pleure plus de trois heures par jour, plus de trois fois par semaine depuis plus d’une semaine et que par ailleurs ce bébé va bien (6).
Mais aucun critère objectif n’est discriminant, la tolérance parentale s’avérant le mieux reconnu, ce qui correspond bien au cas d’Eliot (3).
-› Les pleurs habituels, physiologiquement pluriquotidiens à cet âge, sont assez aisés à consoler contrairement aux coliques du nourrisson.
-› Les pleurs qui surviennent uniquement entre 18 heures et 22 heures correspondent à la mise en place du cycle de l’endormissement chez le nourrisson et doivent être respectés.
-› Les coliques du nourrisson réalisent un tableau assez stéréotypé : pleurs et/ou cris prolongés survenant de façon intense et fréquente, souvent associés à une agitation et à l'émission de nombreux gaz, avec un début brutal. L’enfant est agité, inconsolable, hypertonique. Elles surviennent habituellement vers 6 semaines de vie et disparaissent spontanément après trois mois. L’enfant a une croissance normale.
-› En pratique, face à des pleurs isolés du nourrisson sans autres signes associés avec une prise de poids correcte et un examen clinique normal, aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Et ce, quelle que soit l’intensité des pleurs.
En cas de RGO, les pleurs sont alors plus ou moins rythmés par les repas ou compliquent l’allaitement (interrompus par les pleurs, une agitation), et souvent accompagnés de régurgitations tardives. Les cas de RGO avec œsophagite sont exceptionnels
Une constipation peut être en cause, lors des pleurs le visage est souvent érythrosique, les jambes surélevées.
L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV), est rarement en cause mais il faut l’évoquer s’il existe des antécédents familiaux allergiques.
RASSURER LES PARENTS
Si leur vécu est très variable, les coliques sont difficiles à vivre pour les parents qui ne parviennent pas à soulager leur enfant. « Il faut les rassurer sur leur "compétence" mise à mal par ce bébé pleureur – bébé pas toujours malheureux ou douloureux mais qui se manifeste et mobilise tout le monde autour de lui - en leur "donnant de l'écoute" à savoir les laisser parler de leur désarroi et de leur inquiétude et parfois de les "autoriser" à exprimer leur ressenti négatif, culpabilisateur et souvent non dit », conseille Didier Armengaud.
Ceci permettra aussi d’éviter des réactions inappropriées : sevrage de l’allaitement, recours thérapeutiques variés (tisanes, …) troubles de l’interaction parents-enfants …. On rappellera aussi que l'enfant à cet âge doit encore dormir près de 20 h par jour et que la surstimulation est source de manque de sommeil qui fait entrer l’e nourrisson dans un cercle infernal.
Contrairement à l'adulte qui chercherait à s’endormir pour se reposer, le nourrisson majore son hyperexcitabilité quand il manque de sommeil ce qui conduit à des difficultés d’endormissement : pleurs au coucher, sursauts à l'endormissement qui le réveillent, etc.
L’information sur la nature bénigne des coliques et sur leur caractère transitoire - sans pour autant banaliser la situation – rassure les parents. Expliquer aussi que les pleurs du soir font partie du développement neurologique normal du nourrisson, qu’il y aura une augmentation de leur fréquence et de leur intensité jusqu’à deux mois, puis une diminution ensuite pour cesser vers l’âge de quatre mois environ (1,7).
PROPOSER DES « PETITS MOYENS »
-› Promener l’enfant. Les pleurs qui cessent pendant la promenade en poussette ou en voiture permettent de rassurer les parents (5).
-› Porter, masser, bercer, en montrant comment tenir le nourrisson en décubitus ventral, tête ballante, avec les mains jointes du parent sur la région épigastrique ou abdomen de l’enfant contre cuisse parentale. Cette positon diminue la distension abdominale du nourrisson et permet au parent d’avoir un rôle actif (2).
-› D’autres petits moyens sont conseillés : balancement doux, musique, suppression des causes d'aérophagie (faire boire lentement, diminuer le calibre de la tétine). La tétine peut ici avoir un rôle bénéfique.
-› Prendre l’enfant souvent dans les bras : le contact corporel fréquent et prolongé avec la mère ou une autre personne de référence génère un apaisement chez les bébés. Cela peut être facilité par les portes bébés type kangourou ou en écharpe.
-› Quelques conseils sur l’alimentation peuvent être utiles: petits repas fréquents, maintien en position verticale lors des tétées, prise du repas dans un cadre apaisant, essai d’autres tétines ou de biberons conçus pour diminuer l’aérophagie.
-› Pour les nourrissons ayant des symptômes associés - ce qui n’est pas le cas d’Eliot - une prise en charge diététique est justifiée : lait pré-épaissi en cas de régurgitations fréquentes, formule adéquate en cas de constipation, hydrolysat poussé sans protéines au lait de vache en cas d'antécédents d'atopie familiale ou personnelle.
-› Aucun médicament n’a fait la preuve d’une quelconque efficacité (4).
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