Suite à la publication sur legeneraliste.fr d’un article rapportant l’estimation par Prescrire d’un nombre important de décès (entre 25 et 120 en 2012) attribuables à la dompéridone (entre 25 et 120 en 2012), certains médecins internautes ont souligné l’importance de cette molécule pour traiter les nausées des patients parkinsoniens sous traitement dopaminergique.
› En effet, dans la maladie de Parkinson, la domperidone a un intérêt tout particulier. La supplémentation en dopamine par la levodopa ou les agonistes dopaminergiques administrés aux patients active les récepteurs de la dopamine au niveau des noyaux gris centraux mais aussi dans le reste de l’organisme, entraînant des effets indésirables périphériques tels que troubles digestifs ou hypotension orthostatique. Ces effets peuvent être réversés par la dompéridone, un agoniste dopaminergique (avec un niveau de preuves faible pour l’hypotension orthostatique). Et, à l’inverse des autres neuroleptiques, cet anti-nauséeux a la particularité de ne pas traverser (ou très peu) la barrière hémato-encéphalique. Du coup, la dompéridone agit comme un inhibiteur sélectif des récepteurs périphériques à la dopamine. Cette particularité pharmacologique permet de l’utiliser pour contrer les effets indésirables périphériques des médicaments antiparkinsoniens sans entraver leur efficacité sur les symptômes neurologiques. C’est l’équipe du Pr Agid qui, en France, a démontré la première l’efficacité de cet anti-nauséeux dans la maladie de Parkinson (Agid et al., Lancet 1979).
› L’utilisation de la metoclopramide, autre anti-nauséeux neuroleptique, comme proposée par Prescrire en alternative à la dompéridone, ne pourrait donc pas être prescrite chez le parkinsonien car cette molécule franchit la barrière hémato-encéphalique et expose à des effets extra-pyramidaux délétères.
› Rappelons que le risque de mort subite secondaire à l’usage de dompéridone est lié à l’allongement de l’espace QT. Ce risque est commun à tous les anti-nauséeux de la classe des neuroleptiques et à la majorité de ceux utilisés pour contrer les effets digestifs des chimiothérapies. Le risque est plus élevé chez les sujets ayant déjà un QT « long » ou en co-administration avec d’autres médicaments (psychotropes notamment).
› En décembre 2011, une lettre aux prescripteurs de l’Ansm, alertait sur le risque cardiaque de cette molécule. Des études avaient déjà mis en évidence une augmentation du risque d’arythmies ventriculaires graves et de mort subite. L’agence soulignait que les risques d’allongement de l’intervalle QTc et d’arythmies ventriculaires étaient connus et inclus dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) des médicaments contenant de la dompéridone (Motilium®, Péridys® et génériques). Une récente publication de l’ANSM recommande la prudence lors de la prescription de dompéridone, notamment chez les sujets présentant des troubles du rythme cardiaque, des troubles hydrolélectrolytiques ou une pathologie cardiaque préexistante. Et rappelle que le risque est plus élevé chez les patients âgés de plus de 60 ans ou ceux traités par des doses orales quotidiennes › 30 mg. Les précautions d’utilisation ont aussi été rappelées récemment dans une publication de 2013, notamment pour les interactions médicamenteuses (Curr Dur Saf 2013 ; 8 (1) : 63-68).
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