► L’eczéma est une dermatose chronique caractérisée par une sécheresse cutanée et des démangeaisons intenses. Les émollients et crèmes hydratantes sont largement utilisés sans certitude absolue de leur efficacité ni démonstration d’une supériorité d’un produit sur un autre. Les auteurs de la revue Cochrane (1) ont revu 77 études colligeant l’expérience de 6 603 patients âgés de 4 mois à 84 ans avec une moyenne d’âge de 18,6 ans et une légère prédominance féminine. La durée de l’étude était de 2 à 6 semaines pour la plupart des travaux. Sur les 77 études, 46 (59,7 %) étaient financées par l’industrie pharmaceutique.
► La plupart des études évaluaient la perception des médecins. Ils considéraient que les émollients réduisaient la sévérité de l’eczéma par rapport à une absence d’intervention (3 études) et diminuaient la consommation de topiques corticoïdes (2 études) sans différence en termes de tolérance. Les patients ont noté qu’Atopiclair était quatre fois plus efficace sur l’amélioration de la gravité de l’eczéma. Ce n’était pas le cas pour les médecins qui ne constataient pas de différence flagrante. Atopiclair réduisait les démangeaisons (4 études) et les poussées (2 études) avec un taux similaire d’effets indésirables.
► Pour les crèmes à l’urée , les participants et les médecins ont été satisfaits dans une étude avec une amélioration de la sécheresse de peau et des poussées mais au prix d’une augmentation des effets indésirables. Pour les produits à base de glycérol, une étude montre une amélioration pour les patients. Quant aux produits à base d’avoine, peu de différence était notée par les patients et les médecins mais une moindre augmentation des poussées et un moindre recours aux topiques corticoïdes étaient rapportés.
► Les patients étaient satisfaits des produits hydratants qu’ils considéraient comme deux fois plus efficace que le placebo ou l’absence d’intervention (5 études) et ils constataient une diminution des démangeaisons (7 études). Les médecins y voyaient aussi une diminution de la sévérité par rapport au groupe contrôle (12 études). Les topiques corticoïdes étaient perçus comme plus efficaces lorsqu’ils étaient associés à un émollient.
► La revue de ces études montre que les émollients ont un intérêt en tant qu’adjuvant dans la prise en charge de l’eczéma, avec des résultats plus convaincants en association avec un traitement actif sur la sévérité des lésions et la consommation de corticoïdes en topiques, mais aucun émollient ne se montre supérieur par rapport à un autre. Ces conclusions sur l’eczéma tout venant rejoignent les stratégies proposées au sujet de la dermatite atopique de l’adulte. Ainsi, les émollients ont une efficacité démontrée sur la sécheresse cutanée et la prévention des rechutes avec un niveau de preuve de grade B (présomption scientifique basée sur des études comparatives ou des études de cohorte). Certains émollients ont une indication d'AMM spécifique dans le traitement d'appoint de la dermatite atopique. Leur efficacité sur la sécheresse cutanée a été démontrée. Les données de la littérature ne permettent pas de privilégier une formulation émolliente particulière ni une posologie précise. Ils peuvent être utilisés en alternance avec les dermocorticoïdes.
1- Van Zuuren EJ, Fedorowicz Z, Christensen R et al.. Emollients and moisturisers for eczema. Cochrane Database of Systematic Reviews 2017, Issue 2. DOI: 10.1002/14651858.CD012119.pub2MG
Mise au point
La périménopause
Mise au point
La sclérose en plaques
Etude et Pratique
Appendicite aiguë de l’enfant : chirurgie ou antibiotiques ?
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires