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Le diagnostic précoce de la dengue

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Publié le 28/06/2024
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Avec la présence du moustique tigre sur une part croissante du territoire
et la circulation active du virus en Guyane et dans les Antilles françaises,
les experts s’inquiètent d’une éventuelle diffusion de la dengue en
métropole. Une crainte renforcée à l’approche des Jeux olympiques,
propices au regroupement et au brassement de populations. D’où
l’importance du diagnostic (et du signalement) précoce le cas échéant,
afin de mettre en place des mesures pour limiter les transmissions locales.

Le moustique tigre est désormais présent dans 78 des 96 départements métropolitains

Le moustique tigre est désormais présent dans 78 des 96 départements métropolitains

1. Quel risque en métropole ?

La France hexagonale est considérée par l’Organisation mondiale de la santé comme une région non endémique pour la dengue, le chikungunya et le Zika.

Cependant, pour la dengue, la diffusion du moustique tigre sur une part croissante du territoire, couplée à une pression d’importation importante du fait d’épidémies actives dans les territoires ultramarins depuis 2023, confèrent un potentiel épidémique réel.

2. Quand y penser ?

Le profil clinique de la dengue est polymorphe, et va des formes asymptomatiques (les plus courantes) aux formes graves avec risque de décès.

Comme pour le chikungunya et le Zika, l’expression clinique la plus fréquente est celle d’un syndrome viral aigu.

Dans le cas de la dengue, le tableau clinique associe habituellement :

- une fièvre élevée d’apparition brutale, éventuellement associée à des maux de tête,
- des douleurs musculaires et/ou articulaires,
- des douleurs rétro-orbitaires et une éruption cutanée.

Ces symptômes durent généralement une semaine et font place à une fatigue qui peut être prolongée.

La fièvre de retour de voyage doit faire évoquer le diagnostic, en particulier quand elle survient dans les 15 jours après exposition car il s’agit d’une infection à incubation courte.

Des cas autochtones ayant déjà été rapportés en métropole en 2022 et 2023, la notion de voyage n’est pas obligatoire pour soupçonner un cas de dengue.

Un antécédent de dengue n’élimine pas le diagnostic car un patient peut être infecté plusieurs fois. En effet, une infection par un sérotype confère une immunité contre ce sérotype mais pas contre les autres.

3. Quel examen, à quel moment ?

Face à un tableau clinique évocateur et en l’absence de diagnostic différentiel, des analyses biologiques sont préconisées.

Du fait d’aires de répartition similaires et de symptomatologies proches entre dengue, Zika et chikungunya, il est important de rechercher les trois virus.

> Le type d’examen sanguin dépend de la date de début des signes du patient :

- de J0 à J5 : RT-PCR seule ,
- de J5 à J7 : RT-PCR et sérologie ,
- après J7 : sérologie seule.

Les patients doivent être incités à réaliser le prélèvement rapidement après la consultation.

La RT-PCR urinaire n’a pas d’indication pour le diagnostic de dengue ; elle peut être réalisée uniquement pour le Zika, jusqu’à 10 jours après les premiers signes.

La sérologie est une technique moins performante. En cas d’IgM isolées, un prélèvement de contrôle à distance (10-15 jours) doit être effectué.

4. Signaler sans tarder

La dengue (comme le chikungunya et le Zika), est une maladie à déclaration obligatoire.

Tout au long de l’année, tout cas confirmé biologiquement doit être déclaré, via le formulaire Cerfa dédié téléchargeable sur le site de Santé publique France.

Pendant la période d’activité d’Aedes albopictus (soit de mai à novembre en métropole), le signalement précoce des cas est essentiel. Il permet aux autorités sanitaires de mettre en place des enquêtes épidémiologiques et des mesures de démoustication locales et de sensibilisation du grand public, pour éviter la formation de clusters.

5. Quels messages de prévention post-diagnostic ?

Une personne infectée peut contaminer un moustique pendant la période de virémie (soit environ 2 jours avant les premiers symptômes et jusqu’à 7 jours après).

En cas de diagnostic positif, le patient doit donc être incité à appliquer certaines mesures de protection contre les piqûres de moustiques (vêtements amples et couvrants, répulsifs cutanés et utilisation de ventilateurs).

Lui conseiller également de modérer ses déplacements afin de limiter le risque de contamination de moustiques d’autres zones géographiques.

D’après Santé publique France. Dengue, chikungunya, Zika : de la prévention au signalement. France hexagonale – Corse. 6 juin 2024 et la communication du Pr Christophe Rapp, président de la Société de médecine des voyages, lors des JNI 2024

 

 


Source : Le Quotidien du Médecin