Marie-Josée, 72 ans, consulte suite à la réalisation d’un coronoscanner. Cet examen a été demandé par le cardiologue qu’elle consulte tous les ans du fait d’un diabète de type 2. Aucune anomalie cardiaque n’a été objectivée par le radiologue mais ce dernier reste très perplexe car il a mis en évidence des micronodules multiples au niveau des deux champs pulmonaires, et a recommandé la réalisation d’un scanner thoracique.
Cet examen a mis en évidence des micronodules dont la répartition est aléatoire (cliché 1). En reprenant notre interrogatoire, nous apprenons qu’adolescente, Marie-Josée a eu une varicelle avec une complication (pneumopathie) qui a été responsable d’une hospitalisation. En fait, la patiente présente une séquelle de pneumopathie varicelleuse à type de miliaire calcifiée.
INTRODUCTION
Le virus varicelle-zona (VZV) est un virus à ADN de la famille des Herpesviridae. Son réservoir est strictement humain, et cette affection est hautement contagieuse. Entre 600 000 et 700 000 cas sont diagnostiqués annuellement en France. Dans près de 90 % des cas, cette affection touche les enfants ayant moins de 14 ans, et seulement 5 % des cas surviennent chez les plus de 20 ans. Près de 3 000 patients sont hospitalisés du fait de la varicelle, et on note en moyenne 20 décès par an. La morbimortalité en relation avec cette virose est observée dans la majeure partie des cas chez les sujets adultes.
La complication pulmonaire de la varicelle survient le plus souvent chez les adultes, et c’est celle qui est également la plus fréquente. Différents facteurs ont été identifiés comme responsables de ce type de complication : tabagisme, sexe masculin, contact rapproché avec un sujet infecté, grossesse, immunosuppression. La pneumopathie varicelleuse est à l’origine de la plupart des décès suite à la contagion virale de l’adulte (entre 15 et 30 % des cas). À noter aussi que la varicelle chez un enfant de moins de 6 mois (cas assez rare) peut donner ce type de complication qui est à l’origine d’un taux de mortalité très élevé.
Il semble que la diffusion du virus s’effectue par voie hématogène, élément qui permet de comprendre la diffusion de cette infection au niveau hépatique et au niveau du système nerveux.
SYMPTOMATOLOGIE
Le plus souvent, le retentissement pulmonaire de la varicelle est asymptomatique. Pour les formes symptomatiques, on peut objectiver une toux, une hyperthermie, une douleur thoracique, une dyspnée, un malaise mal systématisé et parfois une hémoptysie. Une évolution avec une détresse respiratoire signe la gravité de cette pneumopathie. Bien entendu, cette pneumopathie est précédée de quelques jours par l’éruption vésiculeuse qui est une caractéristique de la varicelle.
EXPLORATIONS COMPLÉMENTAIRES
Dans les formes sévères, la gazométrie met en évidence une importante hypoxémie. La radiographie et le scanner thoracique permettent de retrouver des nodules pas nécessairement limités et observés sur les deux champs pulmonaires. On peut également voir des opacités mal systématisées au niveau hilaire.
Les séquelles : comme dans notre cas clinique, la pneumopathie varicelleuse peut donner des séquelles à type de micronodules calcifiés ayant une disposition aléatoire. Cette répartition particulière est due au fait que le VZV diffuse par voie hématogène.
TRAITEMENT
Pour les patients ayant une immunodépression ou chez ceux qui ont un retentissement gazométrique, le traitement repose préférentiellement sur un antiviral : aciclovir par voie intraveineuse (10 mg/kg, administration trois fois par jour) sur une durée de 7 à 10 jours. Par ailleurs, on donne au patient ayant une hyperthermie du paracétamol (l’aspirine est contre-indiquée car elle risque de donner le syndrome de Reye : tableau digestif et conséquences neurologiques avec encéphalopathie)
Dr Pierre Frances (médecin généraliste à Banyuls-sur-Mer), Aïda Tall (interne en médecine générale à Montpellier), Charlotte Cordier et Jules Cuquemelle (externes à Montpellier)
BIBLIOGRAPHIE
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