Les patients ne disent pas tout. Or, la dissimulation des informations cliniquement importantes nuit à la prise en charge. C'est ce qu'a cherché à montrer cette étude du JAMA (1), réalisée en ligne sur deux échantillons totalisant 4510 personnes, sélectionnant sept items et les raisons de leur non communication au médecin. Ce travail a regroupé l’enquête Amazon’s Mechanical Turk (MTurk) et la Survey sampling international (SSI).
→ Plus précisément, les thèmes explorés étaient le désaccord avec les recommandations cliniques, l’incompréhension des instructions médicales, un régime alimentaire peu équilibré, la prise de médicaments, l’exercice physique, l’absence de déclaration de prise d’un autre traitement et la prise d’un traitement prescrit à une autre personne.
→ Les deux principales omissions concernent le désaccord avec les recommandations médicales (45 % et 37 % des deux échantillons) et l’incompréhension des instructions médicales (31 et 24 %). Un quart des patients de l’étude MTurk évitent le sujet de l’alimentation peu saine (et 20 % de l’étude SSI). Ils sont respectivement 22 et 19 % à ne pas évoquer leur adhérence aléatoire à la prescription médicale. L’absence d’exercice physique est dissimulée par plus d’un patient sur cinq dans les deux échantillons. La non divulgation d’un traitement concomitant concerne entre 10 et 15 % des patients. Enfin, 8 à 13 % évitent d’indiquer qu’ils prennent le traitement de quelqu’un d’autre.
→ Parmi les grands freins à la communication des informations, les patients ne veulent pas être jugés, déplaire à leur médecin et être considérés comme des malades difficiles. Ils craignent d’entendre à quel point leur mode de vie est préjudiciable à leur santé ou ont peur de se sentir gênés.
→ Les femmes jeunes ayant une perception assez négative de leur état de santé ou porteuses d'une maladie chronique (dans un des deux échantillons) sont les plus exposées à la non divulgation d’informations, sans influence du niveau d’éducation. Ce qui pousse les auteurs à indiquer que « les patients qui doivent être traités avec la meilleure qualité à cause de la complexité de leur état de santé sont paradoxalement ceux qui risquent d’être le moins bien pris en charge en raison de leur omission d’informations importantes ».
→ Pour les auteurs, ces résultats sont conformes aux données antérieures, notamment sur le déni de recours aux médecines alternatives, mais cette étude est plus large et explore aussi des questions relativement banales comme la mauvaise adhésion au traitement. Une meilleure compréhension de ces difficultés de communication pourrait améliorer la qualité de la relation médecin-malade. La recherche aura la lourde tâche de préciser quelle est la sévérité potentielle de ces omissions et la combinaison de celles-ci sur la prise en charge.
1- Prevalence of and factors associated with patient non-disclosure of medically relevant information to clinicians. A. G. Levy, A.M. Scherer, B.J. Zikmund et al. JAMA (open acess)
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