En marge des manifestations du 16 juin, qui avaient pour but de défendre les professionnels de santé des hôpitaux, nous avons pu voir une image quelque peu dérangeante. Une infirmière a été amenée manu militari par les forces de l’Ordre. Ces professionnels en charge de la sécurité publique l’ont molestée, et ont montré leur détermination pour l’extraire de la manifestation.
Cette infirmière n’a cessé, au décours de son interpellation musclée, de hurler qu’elle était asthmatique. Cette image a été partagée de nombreuses fois grâce au concours de différents réseaux sociaux. Cependant, cette séquence n’était qu’une conséquence d’une action antérieure…
En fait, il faut savoir replacer les faits dans leur contexte. En effet, cette professionnelle de santé a été filmée (probablement à son insu) auparavant en train de lancer des pavés ; pavés qui étaient destinés aux forces de l’Ordre. La détermination de cette infirmière était sans aucune mesure, malgré « son handicap ». Nous avions l’impression que ses forces étaient décuplées pour affronter avec hargne les CRS.
Aussi, en ayant vu cette vidéo, nous avons pu comprendre les raisons qui ont conduit les forces de l’Ordre à répliquer de manière aussi vigoureuse. Replacé dans son contexte, le film de cette journée a pu être vu de manière complète et sans aucune censure.
Une action bien peu glorieuse
Malgré ce comportement quelque peu « déplacé », nous avons pu noter des réactions diverses allant dans le sens d’une réprobation, mais aussi d’un soutien sans faille. On retiendra néanmoins que, derrière ces différentes visions, une très importante détermination de la part de nos concitoyens à affirmer leurs propres idéaux pouvait être observée.
Néanmoins est-il concevable d’accepter qu’une infirmière (elle est visiblement cadre de santé) puisse agresser des agents de la force publique qui ne font que leur travail ? Elle nous explique être excédée par les cadences infernales au sein de son service, et que son geste était l’expression de sa colère. Nous pouvons comprendre sa désillusion vis-à-vis de son administration de tutelle qui ne reconnaît pas son travail. Cependant, ne serait-il pas plus logique que son indignation s’exprime vis-à-vis de son directeur qui est plus coupable que les CRS dans cette situation ?
Lorsqu’un professionnel de santé est molesté par un patient dans un service des urgences car les délais de prises en charge sont trop longs, accepte-t-on cette agression alors que le soignant n’est pas responsable de cette situation ? Farida (c’est le nom de cette infirmière) doit être sanctionnée comme tout individu ayant effectué un geste répréhensible à l’égard des forces publiques. Si cela n’est pas le cas, et si nous discutons de faits qui ne donnent pas matière à discussions, nous allons basculer vers l’anarchie. Nous sommes en démocratie, et nous devons observer des règles pour que la vie des autres puisse être harmonieuse.
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