L ES premières assises nationales contre les violences envers les femmes, qui se sont tenues à Paris, le 25 janvier, dans la continuité de la campagne européenne 1999-2000 sur « la tolérance zéro », devraient constituer un tournant dans le combat contre ce fléau sans frontières, selon la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes et à la Formation professionnelle du gouvernement Jospin.
La lutte finale est engagée. Les médecins, notamment au niveau des urgences hospitalières, les policiers, les juges, les travailleurs sociaux, les employeurs et les salariés sont conviés à défier la loi du silence. La tâche est vaste.
En 1999, plus de 630 000 des 15,8 millions de personnes, âgées de 20 à 59 ans vivant en France, ont reçu des coups, pouvant aller jusqu'à la tentative de meurtre, 48 000 ont été violées et 1 sur 10 vivant en couple (3 sur 10 chez les séparées) a subi des brutalités conjugales (1). Dans l'état actuel de la législation, ces maltraitances ne constituent pas un délit spécifique mais sont englobées dans les atteintes volontaires à la personne, et le fait que l'agresseur soit le mari ou le concubin est reconnu comme une circonstance aggravante. Au travail, le harcèlement moral concerne 3,9 % des femmes, les injures et les menaces 8,5 %, et les agressions physiques 0,8 %. Quant aux avances ou attaques sexuelles, 1,9 % des salariées en ont été l'objet, et 1 fois sur 5, il s'agit d'un supérieur hiérarchique. A cela s'ajoute, bien sûr, la prostitution, où sont embrigadées quelque 14 000 femmes.
Une campagne d'affichage
Pour lutter contre ces violences envers les femmes, Nicole Péry annonce une prochaine campagne nationale d'affichage. « En cas de violence, brisez le silence », dit l'affiche, qui communique les numéros téléphoniques d'urgence et montre le visage d'une victime, d'abord flou, puis de plus en plus net. 500 000 plaquettes seront distribuées dans les métros ou les mairies, ainsi que des brochures conçues pour les policiers, les personnels de santé et les travailleurs sociaux.
Le secrétariat d'Etat aux Droits des femmes et à la Formation professionnelle compte réactiver les réseaux d'information réunissant professionnels, associatifs et pouvoirs publics mis en place il y a une dizaine d'années. Une vingtaine de départements n'en sont pas encore dotés. Aux collectivités locales on proposera un partenariat pour que les structures d'accueil des femmes en difficulté offrent, en plus d'un toit, des actions de formation professionnelle. Trois protocoles ont déjà été signés, avec le Finistère, Belfort et la communauté d'agglomérations de Sénart (Seine-et-Marne et Essonne). Enfin, le budget des trois principales organisations d'aide aux victimes, ayant chacune un numéro d'urgence, sera accru d'un tiers.
En cas de violences au sein du couple, Femmes Infos Service (01.40.33.80.60) conseille de faire pratiquer un examen médical pour constater et évaluer la gravité des coups portés. L'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (01.45.84.24.24) soutient les salariées dans d'éventuelles démarches judiciaires. Et Viols Femmes Informations (0800.05.95.95) met l'accent sur la consultation d'un médecin et le dépôt de plainte en se constituant partie civile. « Le silence ne profite qu'aux agresseurs », martèle le ministère.
(1) Selon la première enquête nationale sur le sujet (« le Quotidien » du 7 décembre).
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