Je n’essaie pas de les convaincre, mais de les informer sur les dangers potentiels de ne pas se faire vacciner et d’avoir leur consentement. Je leur explique que le vaccin contre la grippe est totalement bénin, qu’il est fait avec des fractions d’antigènes de surface et non pas de virus et que les rumeurs sur les dangers des vaccins sont infondées.
L’important est de pouvoir en parler avec le patient. Une affiche dans la salle d’attente est un bon moyen pour interpeller les patients et les inciter au dialogue.
Pourquoi se faire vacciner après 65 ans ?
Je retourne plutôt cette question en demandant : « Pourquoi ne pas se faire vacciner après
65 ans ? » et j’explique au patient que s’il veut prendre le risque d’être atteint par une forme grave de grippe, dans l’éventualité où il est « contaminé », effectivement il ne faut pas se faire vacciner. Le patient est d’abord surpris, ce qui l’amène à écouter et le fait réfléchir à la question : « Est-ce que je veux prendre un risque ou pas ? ».
Quelle conduite à tenir face aux femmes enceintes ? Aux personnes obèses ? À l’entourage des nourrissons à risque ?
Pour les femmes enceintes, quel que soit le moment de la grossesse, je leur propose systématiquement la vaccination en leur expliquant qu’elles ne doivent pas prendre de risques compte tenu des complications pulmonaires et cardio-vasculaires possibles de la grippe. Pour les personnes obèses, je leur explique également l’intérêt de la vaccination. Si ces patients sont d’accord, j’imprime le bon de prise en charge sur mon espace personnel sur ameli.fr (Espace pro) afin qu’ils se procurent gratuitement le vaccin en pharmacie. Pour l’entourage des nourrissons à risque, c’est parfois un peu plus compliqué car on ne voit pas forcément ces enfants et leur entourage pendant la période de vaccination, mais je tiens aussi des bons de prise en charge à leur disposition.
Quand commencez-vous à sensibiliser vos patients à la vaccination antigrippale ?
Au cabinet, le mois de septembre est, pour moi, le mois de la mise à jour de tous les vaccins, y compris celui de la grippe. Quand on s’est fixé ainsi un moment dans l’année, c’est plus simple de penser à la vaccination pour tous ses patients, sachant que septembre est aussi le mois de l’année où l’on voit les enfants à l’occasion de la rentrée scolaire. J’en profite également pour sensibiliser tous les patients à la vaccination antigrippale, puis j’effectue ensuite les vaccinations en octobre.
Durant l’épidémie l’an passé, plus de deux millions de patients ont consulté en cabinet. Pour ceux qui présentent un syndrome grippal, quel traitement proposez-vous ?
La prise en charge est classique (antipyrétiques et repos) avec, éventuellement, pour les patients à risque de complications, des antiviraux à condition que ces patients soient vus très tôt. Rappelons que la recommandation de prescription des antiviraux en curatif concerne les personnes à risque de complications et les personnes atteintes d’une grippe grave nécessitant une hospitalisation ou dont l’état s’aggrave.
Je ne prescris jamais d’antibiotiques systématiquement, en disant aux patients que la situation ne l’exige pas mais que je compte sur eux pour qu’ils reviennent au bout de 3 jours s’ils ne vont pas mieux afin de réévaluer la situation. Ma patientèle a compris que les antibiotiques sont inefficaces en cas de grippe et qu’ils sont réservés aux infections bactériennes, mais il a fallu quelques années avant d’y parvenir.
Il est recommandé aux professionnels de santé de se faire vacciner contre la grippe. Est-ce que vous vous vaccinez chaque année ?
Je me vaccine tous les ans depuis de nombreuses années.
Propos recueillis par le Dr Martine André
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• 11 semaines d’épidémie
• 2,3 millions de consultations en médecine libérale pour syndrome grippal
• 1 109 cas graves admis en réanimation
• 77 % des cas graves admis en réanimation avaient un facteur de risque (65 ans et plus, maladie chronique, femmes enceintes ou patients obèses, personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ou médi- co-social d’hébergement) et 74 % n’étaient pas vaccinés
• Parmi les cas graves admis en réanimation, 215 sont décédés
• Chaque année, plus de 90 % des décès at- tribués à la grippe surviennent chez des sujets de 65 ans et plus
• Le vaccin permet de réduire le risque de dé- cès lié à la grippe de 35 % en moyenne chez les 65 ans et plus
• La couverture vaccinale des personnes à risque : 48,3 % en 2015-2016**
* Santé publique France – juillet 2016 ** Données Cnamts – avril 2016
** Données Cnamts – avril 2016
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