S AMEDI matin, 10 h 30. Le Dr Jim Price, généraliste, a encore quinze personnes à recevoir plus trois visites. Il reçoit un coup de fil de la compagne d'un homme de 52 ans. La veille, cet homme a consulté un confrère pour un mal de gorge, d'où antibiotiques. La petite amie explique qu'il ne va pas mieux et qu'il a du mal à respirer. « Pouvez-vous me l'amenez ici ? », demande le Dr Price. - « Non, il a beaucoup de mal à descendre les escaliers. » - « Passez-le moi ». Au téléphone, la respiration du patient ne siffle pas, il parle normalement et n'a pas l'air essoufflé. Il explique qu'il se sent bien dans son lit mais qu'il ne peut vraiment pas descendre l'escalier. Il a même du mal à aller aux toilettes. Le médecin décide, un peu à contre-cœur, de passer le voir après ses consultations. Allongé dans son lit, l'homme a l'air bien : il parle sans dyspnée ni stridor. « Je suis désolé de vous avoir fait venir, docteur, mais je ne peux pas descendre l'escalier », répète-t-il. Le médecin lui demande de s'asseoir pour examiner sa gorge et ses poumons. - « Je ne peux pas, docteur. » - « Mais si, vous pouvez », lui répond le médecin, qui le tire pour l'aider à s'asseoir. A ce moment, le patient devient choqué, « gaspe » et se rejette violemment sur son lit. Le Dr Price lui demande d'essayer de recommencer et la même chose se produit. Il semble incapable de respirer en position verticale mais, allongé, il est parfaitement bien. Alors, le médecin l'examine allongé : le pharynx est un peu rouge mais c'est tout. Les poumons respirent bien.
Alors, le médecin commence à prendre les choses au sérieux. Le patient a-t-il déjà eu des problèmes de gorge ? Oui, on lui a retiré des polypes quand il était enfant. Dès lors, le médecin a un énorme doute. Il lui administre des corticoïdes et organise son transfert en recommandant bien aux l'ambulanciers de le transporter allongé. « Absolument fascinant ! », s'exclame l'ORL. Cet homme avait un polype laryngé postérieur qui basculait sur la glotte quand il se mettait en position verticale.
« BMJ » du 18 novembre 2000, p. 1264.
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