À L’ADMISSION aux urgences, elle était dans un état stuporeux et ses réponses aux stimuli douloureux étaient appropriées. L’examen clinique a permis de détecter un abdomen distendu dans son ensemble. Cette patiente était sévèrement constipée depuis une semaine et présentait une oligurie depuis quelques jours. L’examen TDM cérébral a confirmé l’existence d’une hydrocéphalie, dont le volume était majoré par rapport au dernier examen de ce type qui avait été effectué en 1998.
Importante distension colique.
La radiographie de l’abdomen sans préparation a confirmé le météorisme abdominal et mis en évidence une importante distension colique.
«Ce tableau nous a orientés vers un mauvais fonctionnement du shunt. Après une ablation instrumentale de 50cc de LCR à partir du réservoir du shunt, l’état neurologique de la patiente s’est progressivement amélioré», explique le Dr Javad Mirzayan. Le bilan étiologique a ensuite été complété par la réalisation d’une TDM abdominale, qui a permis de mieux comprendre la cause du météorisme abdominal : une diverticulite évolutive. La patiente a reçu des antibiotiques et un traitement du météorisme et de la constipation, et son état est revenu à la normale en moins de quarante-huit heures. Le shunt a été laissé en place, puisque le suivi de la patiente n’a pas montré d’autres épisodes de troubles neurologiques.
Une valve à l’extrémité du shunt.
Pour qu’un shunt ventriculo-péritonéal puisse fonctionner, il est nécessaire qu’il existe une différence de pression entre les deux compartiments mis en contact par le dispositif. Le flux entre le LCR et le liquide péritonéal est régulé par la présence d’une valve à l’extrémité du shunt. Lorsque la pression péritonéale augmente – comme c’est le cas au cours de la grossesse ou dans certaines pathologies abdominales –, le flux entre les deux compartiments est limité et les pressions intra-ventriculaires peuvent augmenter par mauvais drainage du LCR. Au cours du troisième trimestre de la grossesse, de telles complications peuvent survenir et à un moindre degré, de façon plus précoce, lorsque, simultanément, il se produit une augmentation de volume de l’utérus associée à une distension des anses digestives. Enfin, le Dr Mirzayan explique que «l’oligurie présentée par la patiente pourrait être en rapport avec l’existence d’une majoration de la pression abdominale, puisque cette patiente n’a pas présenté par la suite de signes d’insuffisance rénale».
Les auteurs concluent que, «avec le vieillissement de la population et, de ce fait, l’augmentation de l’incidence des hydrocéphalies à pression normale traitées par la mise en place d’un shunt ventriculo-péritonéal, il est important de garder à l’esprit que les complications abdominales peuvent se traduire de façon indirecte par l’apparition de signes neurologiques chez ces patients».
« The Lancet » vol. 368, 2032, 2 décembre 2006.
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