La réforme de la biologie sur le chemin de l’abrogation

Une marche arrière qui fait peur à la profession

Publié le 17/02/2011
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Crédit photo : S. toubon/« le quotidien »

L’AMENDEMENT sur la biologie adopté nuitamment par les députés, en plein examen de la loi de bioéthique, a surpris les professionnels de santé (« le Quotidien » du 14 février). Les biologistes crient aujourd’hui au cavalier législatif, et se disent très inquiets pour l’avenir de leur profession.

L’amendement en question annule, ni plus ni moins, la réforme de la biologie inscrite dans l’ordonnance du 13 janvier 2010. La réforme ne sera abrogée qu’à l’automne prochain, le jour de la promulgation de la loi de bioéthique – à condition, toutefois, que les sénateurs confirment la position des députés. La loi de bioéthique arrive en première lecture au Sénat le 29 mars, pour un vote le 5 avril. Les jeunes biologistes, très remontés, multiplient les alertes en direction des sénateurs pour les sensibiliser à la question. « Chaque jour, je reçois plusieurs fax d’internes en biologie médicale qui dénoncent deux amendements similaires sur la biologie : celui adopté par les députés dans le cadre de la loi de bioéthique, et celui déposé au Sénat dans le cadre de la proposition de loi Fourcade », témoigne cet attaché parlementaire au Sénat.

Thomas Nenninger, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux, dénonce une offensive en provenance des doyens. « Les doyens n’ont pas accepté qu’on leur ait retiré l’attribution des postes en biologie, dit-il. Pourtant, c’était indispensable. Beaucoup de jeunes avec un brillant CV se sont trouvés sans poste car le doyen l’avait attribué à un copain. Pour nous, l’ordonnance a assaini la profession. Les biologistes sont maintenant des professionnels, nous ne voulons pas de marche arrière. L’attribution des postes doit être transparente, au mérite, sinon les jeunes se détourneront de la biologie. »

Trait de plume.

Le président du Syndicat des biologistes exprime « l’affolement » de sa profession. « Cet amendement raye d’un trait de plume deux ans de travail. Où est la continuité de l’État ? », s’interroge François Blanchecotte. La réforme de la biologie, d’origine gouvernementale, rend obligatoire l’accréditation de tous les laboratoires, libéraux et hospitaliers, d’ici à 2016. La démarche est lourde, contraignante, chronophage. De petits laboratoires n’y survivront pas. Certains biologistes pourraient être tentés par l’abandon de l’accréditation, mais pour François Blanchecotte, ce serait une erreur stratégique. « L’ordonnance est porteuse d’avancées majeures, car elle nous oblige notamment à entrer dans une démarche qualité. Les pouvoirs publics ne voudront jamais revenir sur ce point, et du reste, ce n’est pas souhaitable. »

Les biologistes campent aujourd’hui sur la même position : ils souhaitent le maintien de l’ordonnance et son aménagement, de façon, notamment, à garantir l’indépendance des laboratoires vis-à-vis du pouvoir financier. Le Syndicat des jeunes biologistes devait être reçu hier au ministère de la Santé pour exposer ses arguments.

D. CH.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8908