Q UELQUE part en Europe, en 1991, des « incidents » éclatent. Photographe réputé de « Newsweek », Harrison est dépêché sur place. Quelques jours plus tard, sa belle et brillante épouse apprend sa mort mais ne l'accepte pas. La voici partie sur ses traces en Croatie, dans un pays en guerre dont elle n'avait jamais entendu parler.
« Le déclencheur du film, explique le réalisateur à l'AFP, c'est une sorte de honte, de culpabilité et de révolte que j'ai ressenti à entendre à nouveau des mots comme épuration ethnique, camps, réfugiés. Et tout ça à 1 h 30 de Paris. Les gouvernements européens, visiblement, ne s'intéressaient pas à ce conflit ou se trompaient sur son développement. Ils ont mis beaucoup de temps à intervenir. Et cette absence d'ingérence a fait qu'il y a eu des dizaines, des centaines de milliers de morts, dans des conditions de sauvagerie terribles ».
Pour dénoncer cette barbarie, le réalisateur des « Marmottes » a eu recours aux méthodes et aux moyens du cinéma américain. Et il a sans doute eu raison. On suit donc la belle Américaine qu'incarne avec émotion Andie MacDowell de sa belle maison de la banlieue de New York aux rues éventrées de Vukovar (reconstituées en Tchéquie, le tournage ne pouvant se faire sur place en raison du risque de mines) et l'on n'a aucune peine à frémir avec elle et ses compagnons de voyage (Adrien Brody, Brendan Gleeson, Elias Koteas) du spectacle de la souffrance et de la mort.
On peut juste regretter que Chouraqui, quand il filme les combats, ait tendance à se prendre pour Spielberg sans en avoir (encore ?) la dextérité, et surtout que ses effets soient souvent appuyés. Etait-il par exemple nécessaire de montrer sans cesse les photographes en train de mitrailler des cadavres ? Et les regards appuyés de tous les collègues d'Andie MacDowell avant qu'elle n'apprenne la disparition de son mari ? Sans parler de l'épilogue... Mais ce sont là péchés véniels pour un film qui a le mérite d'être ambitieux, dans son sujet et dans sa réalisation et qui est presque à la hauteur de ses ambitions.
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