LA COMPOSITION du vaccin contre la grippe est déterminée, chaque année, en février pour l'hémisphère Nord (en septembre pour l'hémisphère Sud), en fonction d'hypothèses faites, plus de six mois à l'avance, sur les souches qui ont une probabilité élevée de circuler lors de la prochaine épidémie. Les laboratoires se lancent alors dans la production du futur vaccin après les recommandations émises lors d'une réunion d'experts qui se tient à l'Organisation mondiale de la santé à Genève. Bien sûr, lors du développement du vaccin, des essais précliniques et cliniques sont réalisés pour évaluer sa tolérance et son immunogénicité. Cependant, il est mis sur le marché bien avant l'épidémie et donc sans qu'il soit possible de déterminer à l'avance son niveau d'efficacité réel. D'où l'intérêt de recueillir des données et de développer des méthodes épidémiologiques permettant d'évaluer le plus rapidement possible, après le début de l'épidémie, si le vaccin est efficace ou non.
C'est à partir des descriptions individuelles des cas de syndromes grippaux envoyées par les médecins généralistes du réseau Sentinelles, que les chercheurs de l'Inserm (unité 707) estiment en temps réel l'efficacité de terrain du vaccin antigrippal tout au long de l'épidémie. Ces calculs nécessitent aussi la connaissance du niveau de couverture vaccinale par classe d'âge dans la population générale, obtenue à partir d'une série de sondages réalisés par TNS-Sofres, pour le Groupe d'études et d'information sur la grippe (Geig).
En 2005, plus des trois quarts des souches de virus grippaux qui circulaient jusqu'à la semaine 8 étaient A(H3N2)/Wellington/1/2004 (http://www.eiss.org). La figure 1 montre clairement que l'efficacité de terrain estimée par le réseau Sentinelles jusqu'à cette période était voisine de 40 % chez les personnes âgées de plus de 65 ans, soit une efficacité qualifiée de « satisfaisante », c'est-à-dire d'un niveau similaire à celui observé les années où la composition du vaccin était en adéquation avec la souche circulante. Mais, à partir de la semaine 10, la figure 1 montre un décrochage des estimations d'efficacité vaccinale de terrain chez les plus de 65 ans, avec des estimations ponctuelles d'efficacité inférieures à 30 %, et même jusqu'à 10 % lors de la dernière semaine épidémique. Ces valeurs n'étaient habituellement pas observées lors des onze saisons précédentes, mis à part durant toute la saison 1997-1998 où le vaccin était en totale inadéquation avec la souche circulante prédominante A(H3N2)/Sydney. Ce décrochage pourrait s'expliquer par la circulation de la souche A(H3N2)/California/7/2004 à partir de la semaine 9 (http://www.eiss.org), souche qui s'est révélée en inadéquation avec la composition vaccinale de la saison 2004-2005.
Les résultats virologiques identifiant les souches circulantes prédominantes ne sont connus et publiés par les centres nationaux de référence qu'après la fin de l'épidémie, après que l'on puisse proposer toute intervention en termes de prévention, de soins ou de santé publique. Les estimations du réseau Sentinelles, reposant entièrement sur la clinique, sans confirmation virologique, peuvent, elles, apporter de précieux renseignements sur l'efficacité de terrain du vaccin (1), opérationnels en temps réel, qui seront publiés dans les colonnes du « Quotidien du Médecin » tout au long de la prochaine épidémie.
(1) Ce travail a fait l'objet d'une communication au dernier congrès européen sur la grippe, à Malte (septembre).
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