L'expérience d'un médecin

Un vrai faux suaire

Publié le 23/06/2005
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LE « VRAI FAUX » SUAIRE réalisé par le Dr Di Constanzo posséderait les mêmes qualités que le saint suaire de Turin, la pièce de lin sur laquelle serait imprimé le corps supplicié du Christ. C'est la revue « Science et Vie », à paraître aujourd'hui, qui a passé cette singulière commande au praticien hospitalier, dans le dessein de nourrir (sinon clore) le débat séculaire qui met aux prises scientifiques sindonologues (partisans de l'authenticité), sceptiques et détracteurs.
Le Dr di Constanzo a procédé à son expérience dans le laboratoire de pharmacie galénique du Pr Jean-Pierre Reynier (faculté de pharmacie de Marseille) ; il a appliqué « un drap de lin mouillé » sur un bas-relief qui représente le visage d'un homme barbu aux longs cheveux, pour qu'il en « épouse les formes ». Après séchage, raconte le mensuel, le tissu « est tamponné avec la solution colorée », de l'oxyde ferrique. «  Des empreintes superficielles en négatif du visage sont ainsi obtenues et leur positif fournit des images très proches de celle du suaire », précise-t-il.

Chauffé à 250 degrés.
Autre élément d'importance, souligne la revue, « l'empreinte s'est irréversiblement fixée aux fibres » :« Le tissu a résisté au lavage, au chauffage à 250 degrés. » Il a été également trempé dans des acides et « l'image n'a pas été altérée ».
Selon le praticien, ce résultat a été obtenu grâce au « liant » employé pour fixer les couleurs sur le tissu, de la gélatine riche en collagène, produit, affirme-t-il, régulièrement utilisé au Moyen Age.
Le Dr Di Constanzo a, en outre, réalisé une autre expérience : il s'est essayé à fabriquer un suaire imprimé à l'aide de la technique de vaporographie, pour reproduire les effets d'une réaction chimique qui s'opère à la surface du corps du supplicié. Sur son bas-relief, il a appliqué une solution d'ammoniaque à des concentrations entre trois et cinq fois plus élevées que celle de la sueur humaine. Il a ensuite procédé à une application de teinture d'aloès, un drap de lin étant alors étroitement appliqué pendant trente-six heures sur la sculpture. Or aucune impression n'a pu être obtenue par ce procédé, quelle qu'ait été la séquence d'application des différents produits, ni après chauffage de la solution d'ammoniaque, ni après exposition du tissu aux vapeurs. De cet échec, « Science et Vie » tire la conclusion que le saint suaire de Turin n'a pu être impressionné par le corps d'un supplicié, ou du Christ.
Ce dossier compile, en outre, de nombreux arguments avancés par les sindonologues en faveur de l'authenticité du linceul et s'attache à en récuser la validité scientifique, tant la science, dans cette affaire, selon les auteurs, a été « aveuglée par la passion ».
Mais gageons que la messe historico-médicale est loin d'être dite.

> CH. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7778