UNE ETUDE conduite au Népal confirme l'efficacité du vaccin vivant atténué (SA 14-14-2) destiné à lutter contre l'encéphalite japonaise. Elle démontre, en outre, qu'une seule dose de ce vaccin permet de protéger les enfants népalais pendant une période d'au moins un an. L'efficacité de protection mesurée de douze à quinze mois après la primovaccination atteint 98,5 %. Le vaccin SA 14-14-2 étant par ailleurs peu coûteux à produire, il pourrait devenir une référence dans les pays où l'encéphalite japonaise est endémique et où l'utilisation du vaccin tué n'est pas envisageable pour des raison économiques.
En Asie, de 30 000 à 50 000 cas d'encéphalite japonaise et jusqu'à 10 000 décès liés à cette maladie sont signalés chaque année. Dans les pays les plus riches, au Japon, en Corée du Sud ou encore à Taïwan, l'incidence de la maladie est aujourd'hui bien contrôlée. Mais dans les régions rurales des pays les plus pauvres, en particulier au Népal et dans certaines parties de l'Inde, le nombre de cas d'encéphalite japonaise ne cesse de croître. Cette distribution géographique de la maladie dépend non seulement de problèmes économiques, mais elle est aussi liée aux politiques et aux traditions agricoles. La culture irriguée du riz et l'élevage de porcs sont deux activités significativement associées à l'apparition récurrente de flambées d'encéphalite japonaise.
Les moustiques se mettent à piquer les hommes.
Cette association s'explique par le cycle du flavivirus responsable de l'encéphalite japonaise. Le virus se multiplie chez le porc et infecte les moustiques qui viennent se nourrir de leur sang. Les moustiques vont ensuite se reproduire dans les rizières inondées. Lorsque la population de moustiques devient importante, les insectes, bien qu'habituellement zoophiles, se mettent à piquer les hommes. Par la même occasion, ils leurs transmettent le flavivirus de l'encéphalite japonaise.
L'intensification et l'extension des systèmes de production de riz irrigués en Asie du Sud et du Sud-Est au cours des vingt dernières années ont eu un impact important sur la charge de morbidité causée par l'encéphalite japonaise.
Le seul moyen efficace de lutte contre la maladie dans ces régions se fonde sur la vaccination des populations. Malheureusement, le coût d'une telle campagne n'est pas compatible avec les budgets de certains pays. En 1999, les autorités népalaises ont reçu plus de 160 000 doses d'un vaccin vivant atténué peu coûteux, dont l'efficacité n'était pas encore totalement démontrée, le SA 14-14-2. Grâce à cette donation, 80 % des enfants âgés de 1 à 15 ans ont pu être vaccinés dans la région de Bardiya, 34 % dans la région de Banke et 18 % dans celle de Kailali. En août 1999, quelques semaines après la fin de cette campagne de vaccination, une flambée d'encéphalite japonaise est survenue dans le pays. La plupart des enfants vaccinés ne sont pas tombés malades (efficacité de protection de 99,3 %).
L'efficacité à long terme.
Ce résultat, aussi encourageant soit-il, ne permettait pas de connaître l'efficacité de la vaccination à long terme. Ohrr et coll. ont donc attendu la flambée suivante, celle de l'été 2000. Entre août et septembre 2000, le Népal a signalé 1 729 cas d'encéphalite japonaise et 169 décès. Dans la région de Kailali, où 18 % des enfants avaient été vaccinés un an plus tôt, 683 cas ont été signalés. Dans la région de Banke (34 % des enfants vaccinés), le nombre de cas n'était que de 435. Et dans le Bardiya, la région dans laquelle 80 % des enfants avaient reçu une injection du vaccin vivant atténué, seuls 35 cas ont été recensés.
L'ensemble des données recueillies au cours de cette épidémie indique que l'efficacité de protection induite par une seule injection du vaccin SA 14-14-2 est de 98,5 %, de douze à quinze mois après la vaccination.
Bien que des données à cinq ans soient absolument nécessaires pour s'assurer de l'efficacité du vaccin à long terme, ces résultats pourraient conduire à la mise en place de nouvelles campagnes de vaccination, au Népal et dans d'autres régions d'Asie où l'encéphalite japonaise sévit annuellement.
Ohrr H et coll. « Lancet » du 15 octobre 2005, 1375-1378.
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