Médecin de campagne, un projet de vie

Un trentenaire devient le premier généraliste d’un village du Rhône

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Publié le 07/05/2015
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Le Dr Vaillant a préparé son installation pendant un an et demi

Le Dr Vaillant a préparé son installation pendant un an et demi
Crédit photo : A G MOULUN

Dans son cabinet flambant neuf, le Dr Francis Vaillant, raconte ce qui l’a conduit à être le premier généraliste de Saint-Jean-la-Bussière, bourg d’un millier d’âmes situé entre Roanne et Villefranche-sur-Saône dans le Rhône.

S’installer en cabinet libéral à la campagne n’a pas été un choix par défaut, loin de là. « Vivre en ville, ce n’est pas pour moi », confie le jeune médecin originaire de l’Ain. « J’ai fait mes études de médecine à Lyon et j’y ai vécu 7 ans. Mais dès que j’en avais l’occasion, je retournais à la campagne », explique-t-il. Il hésite d’abord entre réanimation et médecine générale après les épreuves classantes nationales. « Pour faire de la réa, il aurait fallu que je parte à Brest. J’ai préféré rester dans la région et choisir la médecine générale. Mais je me suis très vite rendu compte que l’hôpital n’était pas pour moi ». Francis Vaillant effectue ses stages d’internat en cabinet à Tarare et Roanne, proches de Saint-Jean-la-Bussière. « Une installation, ça se prépare. Pour ma part, j’y ai travaillé pendant plus d’un an et demi », souligne le médecin de 29 ans. Cette implantation en zone rurale constitue un projet de vie à part entière. « Ma compagne est originaire de Saint-Jean-la-Bussière. Elle a trouvé un emploi dans les environs. Nous n’avons pas encore d’enfant, mais nous avons décidé de nous rapprocher de ses parents », explique le Dr Vaillant. Le village est encore « moyennement desservi » – il faut passer des cols pour y accéder. Le généraliste relativise son isolement : « Nous ne sommes qu’à 20 minutes de Roanne, où il y a tout ce qu’il faut, et à seulement une heure de Lyon. » L’offre médicale de la région rétrécit toutefois à grande vitesse. « Il y a eu cinq départs à la retraite ces cinq dernières années dans le coin, relève le Dr Vaillant. Et après moi, le médecin le plus jeune a 51 ans... »

100 coups de fil par jour

Pour un jeune généraliste, s’installer dans une zone sous-dense comporte quelques avantages. La mairie a beaucoup aidé le médecin en achetant les locaux et en réalisant les travaux, d’un montant de 90 000 euros. Le cabinet, d’une surface de 90 m² au rez-de-chaussée, comporte une grande salle d’attente et deux salles de consultations, ce qui permettra à terme d’accueillir un autre professionnel de santé. Un parking a également été construit juste devant le bâtiment, le tout respectant les dernières normes en matière d’accessibilité aux personnes handicapées. « Je paie seulement 400 euros de loyer, hors charges, pour le cabinet. C’est un outil de travail idéal pour un jeune installé comme moi », apprécie le Dr Vaillant. La contrepartie, c’est la charge de travail importante qu’il doit assumer. « Je me suis installé le 15 décembre et au bout d’un mois j’ai déjà dû refuser de nouveaux patients ». Le jeune médecin reçoit plus de 100 coups de fil par jour, gérés par une plateforme téléphonique qui s’occupe de prendre ses rendez-vous. « Sans cela, je passerais ma vie au téléphone ». Il accueille entre 25 et 35 patients par jour à son cabinet, notamment en période de grippe. Il effectue également des visites à domicile, pour une quinzaine de personnes et s’occupe aussi de patients dans cinq établissements différents. « J’ai des journées bien remplies, mais quand je ne suis pas au cabinet, j’arrive à déconnecter complètement. C’est indispensable », confie-t-il. Ce qu’il aime dans son métier, c’est la variété : « Je peux examiner une personne de 90 ans, puis recevoir un nourrisson d’un mois à la consultation suivante. On ne sait jamais ce que va nous réserver la journée ! »

De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du Médecin: 9410