De notre correspondante
à New York
«L' UBIQUITINE semble être un marqueur universel des anomalies du sperme ; ce marqueur reconnaît un large éventail d'imperfections des spermatozoïdes ainsi que des contaminants dans le sperme », explique, dans un communiqué, le Dr Peter Sutovsky (Oregon Health Sciences University, Beaverton) qui a dirigé cette recherche. « Le test SUTI pourrait être le premier test vraiment objectif pour l'infertilité masculine. Il repose sur une mesure automatique exacte d'une seule protéine dans le sperme, au lieu d'une analyse subjective du sperme au microscope classique, ajoute-t-il. Son principal avantage est sa sensibilité. Nous avons pu diagnostiquer une cause masculine d'infertilité dans des cas où l'analyse conventionnelle du sperme ne pouvait pas expliquer l'infertilité. Chez un couple sur cinq, environ, les méthodes actuelles ne peuvent identifier une cause. Le SUTI sera capable de fournir une réponse dans au moins une partie de ces cas. »
Le Dr Terada (Tohoku University, Sendai, Japon), un autre membre de l'équipe, ajoute que « ce test pourra diriger le traitement de la stérilité du couple vers l'homme, et épargner à sa partenaire un excès d'examens et peut-être même des traitements inutiles ».
L'ubiquitine marque les spermatozoïdes défectueux
Le nouveau test SUTI (acronyme pour Sperm-Ubiquitin Tag Immunoassay) dose l'ubiquitine dans le sperme grâce a une méthode immunologique. Ce test exploite ce que l'on appelle le processus d'« ubiquitination ». L'ubiquitination est un mécanisme universel pour recycler les protéines ; les protéines cellulaires devenues obsolètes sont marquées par la fixation d'une ou plusieurs molécules d'ubiquitine, un peptide de 8,5 Da, qui cible ces protéines qui sont alors destinées à la destruction dans les lysosomes ou protéasomes. Chez l'homme ainsi que chez divers animaux, une ubiquitination survient pendant le passage dans l'épididyme : elle « marque », par fixation d'ubiquitine, les protéines situées à la surface des spermatozoïdes défectueux et des autres contaminants d'origine cellulaire.
La surface de l'épithélium épididymaire
L'ubiquitine est sécrétée a la surface de l'épithélium épididymaire, et il est possible que l'ubiquitination à la surface des spermatozoïdes permette d'immobiliser et/ou de résorber les spermatozoïdes défectueux durant le passage épididymaire.
Puisque les cellules marquées par l'ubiquitine peuvent être reconnues par des anticorps anti-ubiquitine, Sutovsky et coll. ont dosé par immunofluorescence et cytométrie de flux la réactivité avec les anticorps anti-ubiquitine.
Dans une étude pilote, ils ont évalué ce test chez 17 partenaires masculins de couples stériles et 2 hommes fertiles. Ils ont trouvé des quantités élevées d'anticorps anti-ubiquitine à la surface des cellules de 13 des 17 partenaires testés, mais non chez les 2 hommes fertiles.
Parmi les 17 partenaires testés, le test a confirmé un diagnostic déjà établi d'infertilité masculine chez 5 d'entre eux ; chez 5 autres, pour lesquels la stérilité du couple était trouvée sans cause et décrétée idiopathique, le test a révélé une cause possible d'infertilité masculine ; chez 3 autres, pour lesquels la stérilité du couple était attribuée à la femme, le test a suggéré la contribution d'un facteur masculin. Le test SUTI a été négatif chez 4 hommes testés, confirmant le diagnostic d'infertilité féminine dans 3 cas, et suggérant l'absence de contribution d'un facteur masculin dans un cas d'infertilité idiopathique.
FIV : prédire le succès et améliorer les chances de réussite
Les chercheurs estiment que « le test SUTI pourrait représenter un nouvel outil précieux pour diagnostiquer l'infertilité et prédire le succès de la FIV chez les hommes et couples subfertiles considérés comme ayant une infertilité idiopathique ». Les chercheurs pensent aussi que cette méthode pourrait jouer un futur rôle thérapeutique. « Puisque nous savons maintenant qu'une protéine spécifique est associée aux spermatozoïdes défectueux et que nous avons des anticorps contre cette protéine, il est possible que nous parvenions a développer une technique pour éliminer la majorité des spermatozoïdes vraiment défectueux dans les échantillons de sperme destinés a la FIV ou l'injection intracytoplasmique des spermatozoïdes », observe le Dr Schatten, un autre membre de l'équipe.
« Human Reproduction », vol. 16, n° 2, p. 250.
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