Grâce au satellite européen Demeter, spécialisé dans la prévision météorologique, il semble possible de prévoir cinq mois à l’avance les pics épidémiques de paludisme dans certaines régions d’Afrique. Les recrudescences d’infection par le Plasmodium sont en effet corrélées aux variations de climat, puisque les anophèles, vecteurs indispensables de la transmission du parasite, ne peuvent pas se multiplier en période sèche. Pour attribuer les moyens de démoustiquer, de protection et de traitement les mieux adaptés au moment le plus opportun, il est nécessaire de connaître au mieux les variations épidémiques saisonnières.
Pour y parvenir, l’équipe du Dr MC Thomson (université Columbia, New York) a développé un programme informatique de calcul prenant en compte différentes variables et, dans un deuxième temps, a comparé les résultats du programme avec la réalité de terrain des précédentes années.
Le pays de référence choisi était le Botswana et les variables prises en compte regroupaient des données d’incidence du paludisme entre 1982 et 2002, une estimation de la pluviométrie en 1979 et 2005 et les variations climatiques connues entre 1958 et 2001 (observation terrestres et par le satellite Demeter depuis 2004). L’analyse de ces dernières données a permis de préciser l’influence du courant marin el Nino/Sud qui survient entre les mois de décembre et février dans le Pacifique tropical, sur la pluviométrie de ce pays semi-aride.
Superposables à la réalité de terrain.
Les modèles de prédiction épidémique développés se sont révélés superposables à la réalité de terrain sur les différentes années évaluées. Leur précision est étonnante, puisque, cinq mois à l’avance, il est possible de prédire la survenue d’un pic épidémique.
Grâce à ces prédictions, il pourrait être possible de mettre en place des programme de prévention du paludisme : contre des vecteurs, par l’épandage dans les zones endémiques avant la période des pluies ; chimioprophylaxie de groupes cibles pendant la période épidémique ; prise en charge médicamenteuse rapide et adaptée des patients impaludés. Pour les auteurs, «ce programme de calcul, qui fait en moyenne gagner quatre mois de prévention par rapport aux programmes classiques, pourrait être utilisé non seulement au Botswana mais aussi dans d’autres pays du sud de l’Afrique. Les données recueillies par le satellite Demeter pourrait aussi être utilisées, comme c’est le cas en Europe, pour une aide à l’agriculture et l’hydrologie».
« Nature », vol. 439, pp. 576-579, 2 février 2006.
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