Portugal

Un petit goût de Madère

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Publié le 07/04/2017
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Les levadas, petits canaux d’irrigation doublés d’un sentier plus ou moins étroit, permettent de faire des dizaines de balades épatantes dans cette île au relief tourmenté, au décor majestueux et au printemps éternel. Pour les grands comme pour les petits.
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Crédit photo : Fotolia / BengtHultqvist

Confettis dans l’océan Atlantique, à 550 km des côtes marocaines et à près de 1 000 km du Portugal dont elle est une région autonome, l’archipel de Madère se caractérise par un hiver très doux (13° à 15°) et un été agréable (25°). Rocher plongeant dans la mer, Madère offre son éternel printemps et ses fleurs exubérantes. Un climat depuis longtemps plébiscité par les seniors. Mais qui ravit aussi les marcheurs qui découvrent l’île lors de randonnées le long des « levadas », ces canaux très anciens qui irriguent toute l’île.

Funchal, capitale de l’île, est le point de départ et d’arrivée de toutes les excursions. « À chaque jour, sa levada », dit en souriant Manuel, notre guide. Levadas, de levar, mot portugais qui signifie conduire, sont des canaux d’irrigation destinés à… conduire l’eau d’un endroit où elle est abondante, le nord, à un endroit où elle en manque, le sud, plus ensoleillé, et où se trouvent d’ailleurs les cultures de céréales, de bananes, de vignes et de canne à sucre.

Au début du XVe siècle, les premiers canaux en bois et de courtes distances ont donc été conçus et creusés, la plupart du temps par des esclaves ou des habitants en travail forcé. Au fil du temps, le réseau s’est étendu à toute l’île pour atteindre aujourd’hui plus de 2 000 km(pour une île qui ne fait que 740 km2, le quart de la Corse !), le bois étant progressivement remplacé par du béton. Bien entendu, faire courir l’eau au flanc des montagnes nécessité des prouesses techniques. Contournant les pentes escarpées, parcourant les versants ou traversant à coups d’explosifs les dures roches basaltiques, ce ne fut pas toujours une partie de plaisir, loin de là. Installées dans des corbeilles en osier, ces rocheiros travaillaient suspendus à des cordes attachées aux arbres et aux rochers, perforant la roche jusqu’à obtenir l’ouverture permettant le passage de la levada.

Ce travail s’est poursuivi durant des dizaines et des dizaines d’années. Les dernières levadas datent de 1970 et ont une largeur de 50 centimètres et une profondeur de 80 centimètres.

Itinéraires rêvés

Parfaitement entretenues par des levadeiros qui traquent les chutes de pierres, les feuilles et les branches qui peuvent obstruer le passage de l’eau, ces levadas, et c’est là le secret de Madère, sont longées par un sentier qui, selon le relief, se rétrécit ou s’élargit pour devenir une véritable allée.

Comme le raconte notre guide né à Madère, l’histoire de ces levadas, utilisées comme chemin de trekking, a débuté en 1974, lorsqu’un couple d’Anglais, Pat et John Underwood, se rendirent compte que les canaux d’irrigations, le plus souvent de faible pente, constituaient des itinéraires rêvés pour découvrir à pied les richesses de l’île. Le guide qu’ils rédigèrent : Landscapes of Madera attira immédiatement des milliers de marcheurs sur l’île. Les levadas étaient lancées !

En suivant ces canaux d’irrigation et les sentiers qui les longent sur toute l’île, on traverse de magnifiques paysages qui culminent avec la rencontre de la forêt préhistorique, Laurisilva, inscrite en 1999 au patrimoine mondial de l’Unesco. Vestige de l’ère tertiaire qui a résisté aux dernières glaciations uniquement en Macaronésie, c’est-à-dire à Madère aux Açores, aux Canaries et au Cap-Vert. À Madère, cette forêt s’étend sur près de 15 000 hectares.

Plus de 200 levadas

Les levadas, où parfois apparaissent des bancs de saumons, et les sentiers qui filent tout le long de ces canaux, parcourent donc l’île en tous sens. À découvert et parfois recouverts d’un tunnel de béton pour se garder d’éboulements trop fréquents. Et l’on a que l’embarras du choix chaque matin car tous ces chemins de randonnée qui relient les vallées luxuriantes, les ribeiras, aux zones de culture, traversent des paysages pittoresques et de belles vallées émeraude plus ou moins escarpées.
Ces levadas sont bien le symbole des noces réussies entre l’homme et la nature. Ce qui n’est pas si fréquent !

En pratique

Se renseigner
www.visitportugal.com
www.madeiraislands.travel
Une balade à Madère peut tout à fait se faire en famille car, en général, les chemins sont très bien balisés et faciles. Toutefois, il est recommandé aux randonneurs d’avoir un bon équipement, de bonnes chaussures, des vêtements chauds, de l’eau (celle des canaux n’est pas potable) et une lampe de poche ou frontale.

Guides

L’indispensable Top 10 Madère (Hachette), le Petit Futé Madère
et le site www.madeira-levadas-walks.com
Sur place, on peut trouver Levadas et sentiers de Madère, éditions Francisco Ribeiro, qui décrit dans le détail toutes les levadas de l’île.

 

Emmanuel Gabey

Source : lequotidiendumedecin.fr