L ES progrès récents, de la biologie moléculaire à l'IRM fonctionnelle, suscitent un regain d'intérêt pour les troubles de l'odorat, d'autant que pour certains d'entre eux des progrès thérapeutiques ont été réalisés (corticoïdes inhalés, chirurgie fonctionnelle endoscopique). Le centre de recherche de l'hôpital Lariboisière (D. Trotier) a développé l'utilisation d'un olftactomètre clinique permettant, à partir de la présentation de cinq odeurs de base à des concentrations différentes, de détecter les différentes dysosmies. Il peut s'agir de cacosmie (perception de mauvaises odeurs, souvent atteinte sinusienne d'origine dentaire), parosmie (odeur modifiée : atteinte virale fréquente), phantosmie (sensations imaginaires d'origine neurologique parfois aura de crise épileptique).
Dysosmies de transmission ou de perception
L'inflammation de la muqueuse nasale est à l'origine d'une grande partie des dysosmies, dites de transmission par opposition aux dysosmies de perception, par atteinte des récepteurs sensoriels distaux de l'épithélium olfactif ou des centres nerveux.
Le diagnostic est clinique : interrogatoire et examen endoscopique. Les examens complémentaires sont demandés dans les cas inexpliqués en fonction du contexte : scanner des sinus, bilan endocrinien ou allergologique, IRM.
Les troubles de transmission représentent la moitié des dysosmies et sont accessibles aux traitements locaux par corticoïdes inhalés et/ou chirurgie endoscopique, souligne C. Eloit (Paris). Par ordre de fréquence, il faut citer les atteintes inflammatoires (polyposes naso-sinusiennes, rhinites allergiques non ou mal traitées, rhinites à éosinophiles), tumorales, iatrogènes (chirurgie ORL ou esthétique), malformations.
Les causes des dysosmies de perception sont par ordre de fréquence décroissante : âge, infection virale, traumatismes crâniens, endocrinopathie, maladie neurodégénérative, atteintes toxiques (émanations industrielles), iatrogènes (vasoconstricteurs anesthésiques), chirurgicales, tumeurs et AVC, congénitales.
Les troubles de l'odorat sont sans doute assez fréquents mais peu explorés.
Mille sujets consultant pour troubles de l'odorat
Pour disposer d'une image plus précise des troubles de l'odorat en France, les Laboratoires GlaxoWellcome ont mis en place un observatoire national portant sur 1 000 sujets venant consulter en ORL pour un trouble de l'odorat (déclaré ou retrouvé à l'interrogatoire), ou pour un autre trouble (qui pourrait avoir un trouble ignoré). Dans chaque groupe, 500 patients sont prévus ; ils seront tous soumis à un test de dépistage de trouble de l'odorat (flacons odorants). AROME permettra de comparer l'évaluation subjective des troubles de l'odorat et les résultats du test de dépistage, de préciser l'étiologie et d'estimer le retentissement sur la qualité de vie.
Paris. Symposium GlaxoWellcome « Né pour sentir : à la recherche de l'odorat perdu », satellite des Journées parisiennes d'allergie 2001.
La polypose
Les données épidémiologiques concernant la prévalence et l'incidence de la polypose nasale en France font défaut. GlaxoWellcome a entrepris de développer, en collaboration avec un groupe d'experts, un questionnaire diagnostique de polypose nasale, simple, validé, facile à administrer. Les neuf questions portent sur la qualité de la perception des odeurs, la fréquence du nez bouché, des rhumes (et leur saisonnalité), l'existence d'un asthme, de polypose nasale, d'intolérance à l'aspirine. Les sujets sont interrogés sur l'éventuelle instillation nasale de corticoïde, les antécédents de chirurgie des cavités nasales, de nez fracturé.
Une étude en 2001 portera sur 20 000 sujets tirés au sort dans la population générale, qui répondront par téléphone au questionnaire afin d'établir la prévalence de la polypose ; un questionnaire plus complet soumis aux probables porteurs de polypose apportera des informations sur la qualité de vie et le prise en charge, souligne le Pr R. Jankowski (Nancy).
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