« Aujourd’hui, on estime que 5 à 10 % des patients asthmatiques ont une maladie sévère et mal contrôlée, malgré la posologie parfois élevée de corticoïdes. Ce sont pour ces patients que nous essayons d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques afin de mettre au point des traitements innovants », explique Florian Dilasser, un jeune chercheur qui a obtenu en novembre un prix de la Fondation pour la Recherche Médicale : le prix Marianne Josso destiné à « financer un jeune chercheur pendant les trois années de sa thèse de sciences en pneumologie ».
Florian Dilasser a d’abord fait un Master 2 Recherche en Biologie-Santé à l’institut du thorax, à Nantes, dans l’équipe « Signalisation en physiopathologie vasculaire et pulmonaire » dirigée par le Dr Gervaise Loirand. Il poursuit désormais ses travaux sur l’asthme dans le cadre de son doctorat sous la direction du Dr Vincent Sauzeau. Ses travaux de thèse portent sur l’étude des mécanismes moléculaires impliqués dans l’asthme. Et plus précisément sur la protéine Rac1, protéine dont il a contribué à démontrer l’implication dans la régulation de la contraction des cellules musculaires lisses bronchiques. « Quand je suis arrivé, l’équipe avait déjà commencé à mener des travaux sur des souris qui n’exprimaient pas Rac1 dans les cellules musculaires lisses bronchiques. Chez ces souris, nous avons constaté que l’absence de la protéine Rac 1 dans ces cellules, empêche la contraction des bronches. De manière intéressante, j’ai également mis en évidence que l’inhibition de cette protéine prévient l’hyperréactivité bronchique associée à l’asthme allergique chez la souris », explique Florian Dilasser.
Rôle confirmé de la protéine Rac 1 chez l'homme
L’importance de ces résultats a été confirmée au cours de son Master par la démonstration que cette protéine Rac1 joue également un rôle essentiel dans la contraction des bronches humaines. « Pour le démontrer, j’ai utilisé des bronches humaines, récupérées après des transplantations pulmonaires. J’ai identifié la cascade moléculaire impliquant la protéine Rac1 et conduisant à la bronchoconstriction », indique le doctorant en précisant que ces résultats devraient bientôt faire l’objet d’une publication dans une grande revue scientifique internationale. « Le texte est en cours de révision ! », précise-t-il de manière enthousiaste.
L’équipe travaille aussi sur l’hypothèse que la protéine Rac1, au-delà de son rôle dans l’hyperactivité bronchique, pourrait aussi participer au développement de l’inflammation pulmonaire associée à l’asthme allergique. « Nos résultats sont assez encourageants et vont dans le sens de cette hypothèse », indique Florian Dilasser.
À la recherche de nouveaux inhibiteurs de Rac…
Un autre objectif de sa thèse est d’identifier des inhibiteurs de cette protéine Rac qui pourront un jour être utilisés en clinique. « L’objectif est de pouvoir à terme utiliser ces inhibiteurs comme une nouvelle option thérapeutique dans le traitement de l’asthme. Ces molécules auraient le double avantage d’induire une bronchodilatation et de limiter l’inflammation pulmonaire. Cela permettrait de réduire les doses parfois très fortes de corticoïdes chez les patients sévères », précise Florian Dilasser.
D’après un entretien avec Florian Dilasser, doctorant à l’Institut du thorax de Nantes
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