P ENDANT longtemps, le risque associé à l'HTA et l'efficacité des traitements antihypertenseurs ont été évalués à partir des seuls chiffres de la tension artérielle diastolique, puis, plus récemment, systolique. Cette estimation est en passe d'être complétée par le calcul de la pression pulsée, c'est-à-dire la différence entre la pression systolique et la pression diastolique. En effet, il est démontré qu'une augmentation de la pression pulsée s'accompagne d'une augmentation du risque cardio-vasculaire, aussi bien chez l'hypertendu que chez le sujet dont les chiffres tensionnels sont normaux.
Le Dr Bénétos (INSERM) a ainsi rapporté une étude récente dans laquelle la mortalité cardio-vasculaire la plus élevée a été observée chez les sujets qui avaient une augmentation excessive de la pression pulsée, liée à une augmentation de la pression systolique associée à une diminution de la pression diastolique. Des conclusions semblables se sont imposées dans une enquête, présentée par le Dr Poncelet (Collège national des cardiologues français) auprès de cardiologues affiliés au Collège.
la rigidité des gros troncs artériels
L'augmentation de la pression pulsée traduit la rigidité des gros troncs artériels, due à l'âge, le plus souvent. Cette rigidité entraîne une élévation de la pression systolique et une baisse de la diastolique. En conséquence, une pression artérielle diastolique normale ou basse peut très bien résulter de l'association d'une augmentation des résistances périphériques (élevant la diastolique) et d'une augmentation de la rigidité des gros troncs (diminuant la diastolique). Les deux éléments de cette association entraînent une élévation isolée de la pression systolique.
Une étude conduite auprès des patients de médecins généralistes est, à cet égard, particulièrement éloquente. En présentant ses résultats, le Dr Mourad (hôpital Saint-Michel, Paris) insiste sur le fait que l'hypertension systolique isolée est significativement plus forte chez les sujets traités que chez les sujets non traités, dans toutes les tranches d'âge. Or, la plupart des études ayant évalué l'efficacité des traitements antihypertenseurs ont pris la pression diastolique comme critère principal.
53 mmHg de pression pulsée moyenne sur les 24 heures
Pour le Dr Chanudet (hôpital Bégin, Paris), la pression pulsée est cependant très sensible à l'effet « blouse blanche ». Aussi, sa valeur est-elle mieux affirmée en ambulatoire. Les sujets à haut risque cardio-vasculaire seraient identifiés pour des chiffres supérieurs à 53 mmHg de pression pulsée moyenne sur les 24 heures. La principale limite de son utilisation tient à l'absence d'études pronostiques validant le bénéfice éventuel de sa correction en cas d'élévation.
Le Dr Asmar (Institut cardio-vasculaire, Paris) souligne que, pourtant, quelques études suggèrent que tous les antihypertenseurs ne sont pas équivalents vis-à-vis de la pression pulsée, qu'ils appartiennent ou non à la même classe thérapeutique.
C'est au Pr Safar (hôpital Broussais, Paris), dont les travaux ont ouvert la voie sur l'importance de la pression pulsée, il y a fort longtemps, que revient l'identification des trois problèmes restant à résoudre. Aucun travail n'a jamais prouvé qu'une baisse de la pression pulsée peut être obtenue par un traitement médicamenteux, au même titre qu'une baisse de pression systolique ou diastolique. Il faut identifier les médicaments, anciens ou nouveaux, susceptibles de réduire sélectivement la rigidité artérielle. Surtout, il faut effectuer des essais thérapeutiques sur les médicaments identifiés pour montrer si ceux-ci ont ou non un effet supérieur sur la morbidité cardio-vasculaire à celui des autres traitements.
Symposium organisé par Therval Médical : « Pression pulsée et HTA » ; XXes Journées de l'hypertension artérielle, Paris
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