L’été est propice aux belles découvertes. Loin des sentiers battus, il est alors possible de se plonger dans des œuvres radicales, belles, uniques qui rappellent comment le cinéma est parfois un art et pas seulement une industrie. Aujourd’hui, le nom de Nagisa Oshima est surtout associé au parfum de scandale de L’Empire des sens. Mais son œuvre riche de nombreux films ne se réduit pas à cet opus sulfureux. Les éditions Carlotta rééditent trois films majeurs qui frappent encore le spectateur par leur originalité et le goût de l’expérimentation. La pendaison par exemple est un chef d’œuvre absolu. Au départ, il se présente comme un film militant pour l’abolition de la peine de mort. Mais avec cette histoire où un condamné coréen à la peine de mort ne peut être exécuté du fait de son amnésie se joue une pièce grotesque. Les institutions japonaises sous couvert de faire retrouver la mémoire à l’accusé plongent alors dans un théâtre à la fois absurde et surréaliste qui met à nu les fantasmes d’une société en proie à une débandade généralisée. L’ombre de Bertolt Brecht plane tout au long du film. C’était avant 1968. Chaque plan ou presque contient une idée de cinéma. Le film surprend encore par son invention. A cette époque, le cinéma radical avait droit de cité sur les écrans. Dans les années soixante-dix, Oshima change de registre. Avec La Cérémonie, il nous livre un récit désenchanté de l’histoire du Japon après la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est l’institution de la famille qui est ici le cœur de cible. Précis de décomposition d’un clan riche et puissant du Japon, le film mélange une nouvelles fois subtilité du récit et théâtralisation, puissance du rituel et mirage de l’illusion dans une scène d’anthologie de mariage où la mariée fait défection au dernier moment. Les pauvres ne sont pas épargnés dans Le petit garçon où l’enfant est instrumentalisé dans une série d’arnaques à l’assurance. La dernière scène hante la mémoire du spectateur. Le cinéma dans ces années-là était encore guidé par une ambition artistique. L’été sera japonais.
Coffret 6 DVD, 9 films, éditions Carlotta. 60,19 euros. ou DVD à l’unité, la Pendaison, la Cérémonie, le Petit Garçon, 20,06 euros.
Coffret 6 DVD, 9 films, éditions Carlotta. 60,19 euros. ou DVD à l’unité, la Pendaison, la Cérémonie, le Petit Garçon, 20,06 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature