Les dents sont normalement protégées par une couche d'émail de 1 à 2 mm d'épaisseur, qui est formée de cristaux d'hydroxyapatite. Le traitement d'une carie dentaire repose classiquement sur l'élimination mécanique de la zone cariée, suivie de l'obturation de la cavité ainsi creusée au moyen d'une résine ou d'un amalgame métallique. Cependant, pour traiter une carie débutante, cette méthode est loin d'être optimale, car, pour que le matériau de réparation puisse adhérer, il est nécessaire de creuser une cavité de profondeur suffisante, ce qui conduit à enlever une quantité non négligeable de tissu dentaire sain.
Pour pallier cet inconvénient, K. Yamagishi et coll. ont conçu une préparation dérivée de l'hydroxyapatite, offrant des caractéristiques chimiques et structurales proches de celles de l'émail dentaire. Cette pâte a été utilisée pour réparer une carie débutante siégeant sur une prémolaire. L'obturation n'a pris que 15 minutes.
Colonisation de l'interface.
L'examen de la microstructure de la restauration en microscopie électronique à transmission (MET) a montré qu'il n'existait aucune solution de continuité à l'interface entre l'émail natif et le foyer de réparation. Ce dernier contenait des cristaux de forme allongée (100-400 nm de long sur 20-80 nm de large), orientés en direction de la surface dentaire et qui pénétraient dans l'interface, ce qui prouve que le matériau appliqué s'est parfaitement intégré à l'émail natif. Examinés en MET à l'échelle atomique, ces cristaux présentaient les caractéristiques structurales propres aux cristaux d'hydroxyapatite. De plus, le foyer de réparation contenait environ 1 % d'ions fluor par atome et présentait un rapport molaire calcium/phosphore de l'ordre de 1,58.
À titre de comparaison, les auteurs ont effectué la réparation d'une carie au même stade de début en utilisant, cette fois, une préparation à base de fluoro-phosphate acide ne nécessitant pas le meulage de l'émail dentaire sain. La MET pratiquée dans un deuxième temps a montré que l'émail avait été recouvert par une mince couche de fluorure de calcium de trame non homogène, avec présence d'une solution de continuité bien visible à l'interface entre les deux éléments.
Une source de cristaux.
Une étude microscopique plus approfondie a été pratiquée pour juger des modifications intervenues au niveau du foyer de réparation au fil du temps. Il est apparu que l'application de la pâte réparatrice était responsable d'une légère dissolution initiale des cristaux d'hydroxyapatite de l'émail natif, mais que cela était très rapidement suivi d'une régénération des cristaux alimentés par la pâte. Selon les auteurs, ce double processus de dissolution et de reconstitution résulte de la forte acidité de la pâte (pH < 2).
Ce matériau de synthèse permet donc de restaurer la continuité de l'émail dentaire sans que le dentiste ait à effectuer le fraisage préalable. De plus, par sa capacité à renforcer l'émail natif, le matériau peut contribuer à prévenir le développement de nouvelles caries au niveau de la zone traitée. Une seule réserve : il convient d'éviter le contact des gencives avec la pâte réparatrice, son acidité et sa forte teneur en peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée) pouvant être responsables d'une inflammation.
Yamagishi K. et coll., « Nature », 24 février 2005.
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