C 'EST une première en France : un centre de ressources pour le retour à l'emploi des malades du SIDA a été ouvert récemment à Rennes (Bretagne), à l'initiative d'une association, Mille Horizons. La structure est financée principalement par l'Association pour la gestion de fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés (AGEFIPH) de Bretagne. Entre le 6 novembre 2000 - date de son ouverture - et la fin de l'année, le centre a accueilli 35 personnes. Sa fréquentation est passée à 50 personnes aujourd'hui et l'association s'est fixé pour objectif de recevoir 140 personnes d'ici à la fin de 2001.
Autant dire que, pour le seul département de l'Ille-et-Vilaine, l'opération est un succès. La réponse du public était prévisible : la question du retour à l'emploi des malades du SIDA devient primordiale avec le développement des traitements et, jusqu'à l'ouverture du centre à Rennes, il n'existait aucune structure spécialisée dans la réinsertion professionnelle des malades du SIDA. « Les thérapies actuelles permettent d'avoir des activités physiques et d'envisager un retour à l'emploi. Mais ce retour à une activité professionnelle passe obligatoirement par des étapes intermédiaires », explique Luis Ramirez, responsable du centre de ressources. En raison de leur maladie, certaines personnes n'ont jamais travaillé. D'autres ont besoin de « rétablir des relations sociales avec des personnes autres que celles rencontrées dans le cadre de la maladie », selon Luis Ramirez. Il souligne, par ailleurs, que la prise de traitements et les effets secondaires des médicaments « (fatigue, diarrhées), empêchent généralement la personne d'avoir des journées de travail ordinaires ».
Problèmes administratifs
A cela s'ajoutent des problèmes administratifs souvent lourds.
« Quand nous recevons quelqu'un, notre première tâche consiste généralement à mettre à plat sa situation administrative, précise Luis Ramirez. Certaines personnes dépendent simultanément de trois administrations : la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM), la Caisse d'allocations familiales (CAF), la Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP). Ensuite, nous l'assistons pour qu'il obtienne la reconnaissance de travailleur handicapé auprès de la COTOREP. » Les usagers du centre de ressources sont en situation d'obtenir ce statut. En effet, les personnes qui peuvent reprendre une activité professionnelle sans le statut de travailleur handicapé « n'ont pas besoin de nous, note Luis Ramirez. Un bon tiers des malades qui viennent nous voir ont été contaminés durant les années quatre-vingt-dix. Ils ont la trentaine et n'ont jamais eu d'activité professionnelle ».
Après obtention du statut, les responsables du centre ont le choix entre faire une demande d'orientation professionnelle à la COTOREP, s'adresser à l'ANPE ou trouver d'autres orientations. En ce moment, grâce à un financement d'Ensemble contre le SIDA, certaines personnes vont bénéficier d'accords de placement avec des associations de la ville.
Afin d'étudier « l'image que l'on a de soi et de réapproprier son corps », l'équipe de Rennes propose par ailleurs des formations spécifiques, avec un psychologue.
Le centre a plusieurs « voies d'accès », dont l'association AIDES-Bretagne et le service des maladies infectieuses du CHU de Rennes, où 500 personnes environ sont suivies pour infection par le VIH.
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