E N proposant des recommandations européennes pour la surveillance de la résistance aux antituberculeux, l'Organisation mondiale de la santé, dans son premier relevé épidémiologique de 2001, insiste sur un point fondamental : « Dans tous les pays disposant de moyens suffisants, la surveillance de la résistance aux antituberculeux doit faire partie intégrante de la surveillance de la tuberculose. »
Cette surveillance, expliquent les auteurs des recommandations, connaît un double objectif. National, tout d'abord, le but est d'évaluer la qualité des traitements antituberculeux, d'identifier les populations à haut risque de résistance, puis de fournir des indications sur la transmission de l'infection à germe résistant. Déterminer ces paramètres devrait permettre d'améliorer la thérapeutique et de mieux cibler les actions de prévention des formes résistantes. L'autre objectif de la surveillance est européen, visant la coordination des efforts. Ici, l'objectif consiste en une comparaison, entre les diverses nations, des niveaux de résistance, de leur évolution, et une identification, à nouveau, des groupes à risque.
Déclarer les résultats des antibiogrammes
Comment procéder pour réaliser une telle surveillance ? Elément essentiel, selon l'OMS, les laboratoires, dans les pays où les ressources le permettent, devraient déclarer les résultats des antibiogrammes de tous les isolats du complexe M. tuberculosis. Si les moyens locaux ne le permettent pas, les pays concernés devraient mener des enquêtes représentatives fondées sur un échantillonnage approprié ou sur une surveillance sentinelle à partir de laboratoires non tirés au sort. Les rédacteurs de la recommandation ajoutent que doivent être testés isoniazide, rifampicine, éthambutol et streptomycine. Un aspect n'est pas négligé par ces mêmes auteurs, l'assurance qualité, dont le rôle fondamental est rappelé. Ce contrôle doit être effectué à trois niveaux. Le premier étant interne au laboratoire, le deuxième est interlaboratoires dans un même pays (échange de panels de souches codées). L'ultime niveau est international. Ce contrôle de qualité devrait être organisé entre les laboratoires de référence nationaux et un laboratoire supranational externe. Un réseau de laboratoires de référence supranationaux a d'ores et déjà été mis en place.
La proportion de cas à bacille résistant
Les nombreuses données d'un tel réseau seront bien évidemment analysées. Les principaux indicateurs d'intérêt sont la proportion de cas de tuberculose à bacille résistant à un antibiotique ou aux combinaisons ainsi que la proportion de résistance à l'isoniazide et/ou à la rifampicine. Les résultats doivent tenir compte des résistances primaires ou acquises en cours de traitement et doivent être présentés selon l'âge, le sexe, la localisation de la maladie et l'origine du patient. Enfin, comme la surveillance en début de traitement ne capte qu'un sous-groupe de cas multirésistants, un système de surveillance spécifique des formes multirésistantes doit être mis en place. Il peut être alimenté par des antibiogrammes annuels.
Ces recommandations sont le fruit d'un travail international auquel ont participé l'Institut de veille sanitaire (InVS, Saint-Maurice) et ses homologues néerlandais, italien, britannique, suédois, ainsi que l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (IUATLD) et l'OMS.
OMS - Relevé épidémiologique hebdomadaire, 5 janvier 2001, n° 1, 2001, 76 p. 2-5.
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