Troubles de la personnalité : des facteurs de risque morbide

Publié le 30/01/2001
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« L ONGTEMPS considérée comme marginale, cette pathologie focalise les intérêts depuis que les études épidémiologiques ont mis en évidence son association fréquente avec divers troubles psychopathologiques dont les dépressions », a souligné le Pr J. Guelfi, président du congrès. Facteurs de récidive suicidaire, de rechute dépressive, de résistance au traitement chez les patients psychotiques, de mauvais pronostic dans les troubles addictifs, de difficultés de prise en charge au cours des maladies somatiques,les troubles de la personnalité constituent un champ d'investigation particulièrement vaste et sans doute prometteur. Leur dépistage par le clinicien est donc indispensable malgré la variété des approches théoriques.

Quelle définition

Ces troubles se définissent, selon le DSM IV, comme une modalité durable de l'expérience vécue et des conduites, qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de l'individu  « et qui se manifeste dans au moins deux domaines (cognitif, affectif, fonctionnement interpersonnel ou contrôle des impulsions) ». Si le DSM IV identifie trois groupes différents de troubles de la personnalité (Cf. encadré), cette définition clinique des particularités de la personnalité et de leurs hypothèses étiopathogéniques ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté psychiatrique ; plusieurs courants théoriques ont proposé leurs descriptions cliniques et abordé à leur manière les limites complexes entre le normal et le pathologique proposant les uns des modèles issus de la théorie psychodynamique, les autres des modèles catégoriels, des modèles mixtes et dimensionnels, des modèles typologiques, etc. Le Pr Daniel Widlöcher a rappelé l'intérêt de la diversité des théories descriptives en matière de psychopathologie et souligné l'erreur qui consisterait à opter pour un syncrétisme opportuniste (mélanger les diverses approches théoriques pour les utiliser au gré des opportunités cliniques). « Les modèles qui ont été construits par les praticiens ont progressé grâce à deux démarches contradictoires, la recherche du consensus et la confrontation des modèles », a-t-il affirmé.

Comprendre les « patterns » de personnalité

Si le clinicien préfère la connaissance d'un « type » à celle d'une moyenne ou d'une variation interindividuelle telles que les analyse le chercheur, la clinique demeure un outil valide pour faire progresser les recherches sur la personnalité ; pour le Pr D. Widlöcher, s'agissant de la personnalité, la compréhension des facteurs intervenant dans la stabilité de la personnalité, dans l'établissement et le maintien de l'identité psychique sont des champs d'investigation aussi importants que celui de la psychopathologie proprement dite. Nombreux sont les facteurs de risque psychopathologiques qui ont été identifiés dans l'émergence de telle ou telle pathologie psychiatrique ; les facteurs « de ressource » eux, sont beaucoup moins bien connus : qu'est-ce qui fait que, chez certains enfants, des expériences négatives  (carences, traumatismes, etc.) puissent mener à des issues positives chez l'adulte ? Pourquoi certains individus paraissent mieux « protégés » que d'autres vis-à-vis des agressions psychiques ? Autant de questions sans réponses pour l'instant.
Etudes génétiques, psychobiologiques, psychothérapeutiques, chimiothérapeutiques se multiplient pour améliorer la prise en charge et la compréhension de ces troubles. Ce 4e Congrès européen en a été la preuve tangible.

4e Congrès européen sur les troubles de la personnalité, présidé par le Pr J.-D. Guelfi (hôpital Sainte-Anne, Paris), organisé par l'ISSPD (International Society for the Study of Personality Disorders) et l'Association française pour l'étude et la recherche sur les troubles de la personnalité.

Trois classes principales selon le DSM IV

1) Personnalités paranoïde, schizoïde et schizo-typique,
2) personnalités antisociale, border-line, histrionique et narcissique,
3) personnalités évitante, dépendante, obsessionnelle-compulsive.

Dr Caroline MARTINEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6846