L’émotion devrait-elle plier devant une esthétique de papier glacé ? La maison de Bernarda Alba de Frederico Garcia Lorca s’inscrit dans le répertoire des pièces tragiques. La pièce débute par une mort, celle du père de cette gynécée habitée par cinq filles et une veuve qui impose huit années de deuil. Elle s’achève de manière implacable par un suicide. Entre temps, la rivalité entre sœurs, le poison de l’argent auront eu raison de la jeunesse, et de l’amour. Cette histoire qui raconte l’enfermement des femmes dans la société espagnole des années 1930, le contrôle social à chaque instant, le refoulement de tout désir devrait provoquer une vive émotion. La mise en scène de Lilo Baur opte plutôt pour une esthétique froide parfaitement maîtrisée, comme si la forme devait l'emporter sur le sentiment. Résultat, le spectateur regarde avec intérêt certains tableaux particulièrement réussis. Il n’est jamais saisi d’effroi devant une mère prête à sacrifier ses enfants afin de satisfaire au qu’en-dira-t-on. L’aspect documentaire – apprécier le chemin parcouru dans l’émancipation des femmes mais aussi mesurer combien ce succès est fragile – l’emporte sur les mystères de la passion et les promesses d’une jeunesse fauchée en plein vol. Et ce n’est certes pas le fruit du hasard si dans le spectacle, les sociétaires de la Comédie-Française dominent la distribution face à une jeunesse parfois perdue. Le théâtre au final ne peut se réduire à une ambition esthétique, même réussie.
La maison de Bernarda Alba de Fréérico Garcia Lorca, mise en scène de Lilo Baur, traduction de Fabrice Melquiot, Comédie-Française, jusqu’au 25 juillet 2015.
La maison de Bernarda Alba de Fréérico Garcia Lorca, mise en scène de Lilo Baur, traduction de Fabrice Melquiot, Comédie-Française, jusqu’au 25 juillet 2015.
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