L A mucopolysaccharidose de type I est une maladie du stockage lysosomal provoquée par un déficit en alpha-L-iduronidase. Ce déficit bloque la dégradation de glycosaminoglycanes qui, du coup, s'accumulent dans les lysosomes.
Cette maladie a un large spectre de gravité clinique et a été divisé en trois syndromes : une forme sévère (syndrome de Hurler), une forme moyennement sévère (syndrome de Hurler-Scheie) et une forme modérée (syndrome de Scheie).
Dans le syndrome de Hurler, les patients ont de nombreux problèmes médicaux : retard du développement, opacification cornéenne, obstruction des voies aériennes, maladie cardiaque, hépatosplénomégalie, limitation de la mobilité articulaire ; la plupart des patients meurent avant l'âge de 10 ans.
Dans le syndrome de Hurler-Scheie, les manifestations sont pour la plupart identiques, mais la progression est plus lente ; les patients ont peu ou pas de retard mental et meurent dans leur deuxième ou troisième décennie. Dans le syndrome de Scheie, enfin, la maladie est moins extensive et l'espérance de vie est potentiellement normale.
Ces différences sont liées aux mutations en cause (il peut persister une certaine activité enzymatique).
La greffe de moelle est un traitement efficace dans le syndrome de Hurler, surtout si elle est faite précocement, avant le début du retard de développement. Toutefois, elle est limitée par la morbidité et la mortalité qu'elle génère. Il fallait donc trouver un autre moyen, par exemple le traitement enzymatique substitutif, comme c'est le cas dans d'autres maladie lysosomales : maladies de Gaucher (glucocérébrosidase), de Fabry, de Pompe et syndrome de Maroteaux-Lamy.
L'enzyme recombinante une fois par semaine en I. V.
Or, le clonage du DNA complémentaire codant l'alpha-L-iduronidase conduit à la production de cette enzyme sous forme recombinante. C'est cette enzyme qui a été testée chez 10 patients âgés de 5 à 22 ans (9 patients atteints d'un syndrome de Hurler et un d'un syndrome de Scheie). Une fois par semaine pendant 52 semaines, ces patients ont reçu l'enzyme recombinante par voie intraveineuse à la dose de 125 000 unités/kg. Les patients ont été évalués à 6, 12, 26 et 52 semaines par examen clinique, IRM abdominale et cérébrale, échocardiographie, polysomnographie, étude de la mobilité articulaire, mesure de l'activité leucocytaire de l'enzyme et excrétion urinaire de glycosaminoglycanes.
Retour du foie à la normale
Les résultats sont bons :
- diminution de l'hépatosplénomégalie chez tous les patients (chez 8, la taille du foie était normalisée à 26 semaines) ;
- chez 6 patients en prépuberté, la taille et le poids ont augmenté respectivement de 85 et 131 % à 52 semaines ;
- la mobilité de l'épaule et du coude s'est accrue ;
- le nombre d'apnées et hypopnées du sommeil a baissé de 61 % ;
- l'excrétion urinaire de glycosaminoglycane a baissé progressivement, avec réduction moyenne de 63 % à 52 semaines.
Cinq des patients ont eu une urticaire modérée pendant les perfusions ; des anticorps contre l'alpha-L-iduronidase ont été détectés chez 4 malades.
« Chez les patients atteints de mucopolysaccharidose de type I, un traitement par alpha-L-iduronidase recombinante réduit le stockage lysosomal dans le foie et améliore quelques manifestations cliniques de la maladie », concluent les auteurs.
Emil Kakkis et coll. « New England Journal of Medicine » du 18 janvier 2001, pp. 182-188.
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