L A CSMF, majoritaire, a repris à son compte le discours de Jacques Chirac : 2001 devra être une année « utile », faute de quoi le gouvernement s'expose, selon elle, à de graves déconvenues électorales.
Utile aux médecins libéraux, plus précisément, qui se sont mobilisés « fortement » à l'occasion de la semaine « santé morte » organisée par le Centre national des professions de santé (CNPS). La CSMF estime que le « constat d'échec » de la politique actuelle de maîtrise des dépenses de santé est désormais partagé presque unanimement par les acteurs du système, y compris Elisabeth Guigou. « Il n'y a plus que le président de la CNAM, le dernier des Mohicans, pour dire que tout va bien », résume le Dr Claude Maffioli, président de la CSMF qui réclame donc une « vraie alternative ».
Le traumatisme des groupes « Stasse »
Dans ce contexte d' « impasse totale », la Confédération veut des « actes rapides » et non pas de nouvelles promesses de concertation. Et elle met déjà en garde le gouvernement à propos de la finalité du « Grenelle de la santé » organisé le 25 janvier prochain par la ministre de l'Emploi et de la Solidarité. « Ce pourrait être une réunion intéressante mais le passé récent nous inspire une crainte profonde. En 1997, il y a eu les groupes de travail "Stasse" qui ont abouti... à la loi de financement de la Sécurité sociale 1999 (qui a maintenu le système de sanctions financières contre les médecins en cas de dépassement des objectifs de dépenses). Nous serons donc d'une vigilance extrême et nous ne repartirons pas, cette fois, avec des séances de travail pour une année supplémentaire. »
Surtout, le Dr Maffioli refuse de se mettre autour d'une table pour « définir une autre politique » tant que le « fusil de la CNAM reste pointé sur les médecins » ; autrement dit, tant que persiste la menace de baisses de tarifs régulières en cas de dépassement des objectifs (lettres clés flottantes). Un dispositif de régulation jugé « ubuesque » par la CSMF et qui risque d'être à nouveau appliqué puisque les dépenses d'assurance-maladie continuent de progresser plus rapidement que prévu (voir ci-dessus).
Si la CSMF envisage une concertation avec d'autres professions de santé, car « l'exercice libéral même est aujourd'hui remis en cause », le Dr Maffioli rejette sèchement la proposition avancée par MG-France de front uni des libéraux pour préparer le sommet du 25 janvier. « La CSMF est représentative de tout le corps médical et elle est majoritaire chez les généralistes et les spécialistes. Si on veut l'avis des médecins, il suffit de se réunir entre nous. »
La CFDT et le Medef intéressés par la refondation ?
La CSMF mise en revanche beaucoup sur la « refondation partenariale » engagée depuis quelques mois entre trois syndicats de médecins libéraux (CSMF, SML, FMF) et quatre confédérations de salariés (FO, CGT, CFTC, CGC) qui participent à la gestion de l'assurance-maladie. « C'est aujourd'hui le seul endroit de dialogue entre la profession et les interlocuteurs des caisses », observe le Dr Maffioli, qui promet une « plate-forme concrète » de propositions au printemps. Une concertation qui vise non seulement à jeter les bases d'un nouveau système conventionnel mais aussi à aborder des sujets qui vont au-delà du champ conventionnel tels que le « panier de soins remboursables » ou l'évaluation des pratiques médicales.
La CSMF n'exclut pas d'ailleurs que le Medef et même la CFDT (qui préside la CNAM) se joignent rapidement à ces discussions. « Tout le monde va y venir », estime le Dr Maffioli. N'est-ce pas la période des vux ?
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