Un jeune Laurent Fabius, frais émoulu de Normale Sup en 2022 opterait-il pour la politique ou le monde de l’art ? Dans son dernier ouvrage consacré aux polyptyques, ces tableaux peints sur plusieurs panneaux, l’auteur se livre dans l’épilogue à un éloge vibrant du multiple déployé au sein de chaque individu, nécessairement singulier/pluriel. Et de citer le psychanalyste René Kaës : le sujet « tient sa singularité de sa pluralité ». Difficile de ne pas y voir un portrait en creux d’un je irréductible à une identité unique et qui souhaite multiplier les parcours. En témoigne ce dernier opus, à la différence de son précédent livre qui relevait encore de la catégorie amateur d’art.
En empruntant aux codes de l’histoire de l’art et de l’essai théorique avec des focus sur l’analyse de polyptyques, l’ouvrage ne doit pas être lu comme celui d’un homme politique égaré dans l’art, mais comme le fruit d’une réflexion menée en profondeur par un expert qui a regardé, lu et pratiqué cette forme d’art dans toutes ses dimensions.
Dans une France qui colle les étiquettes mais ne les retire jamais, Laurent Fabius aurait-il dû prendre un pseudonyme afin d’être vraiment lu ? Par ailleurs, s’ennuierait-on à ce point au Conseil constitutionnel pour avoir le temps de se plonger dans ces lectures multiples ? En tout cas, cette histoire de la peinture occidentale à travers un genre et sa résurgence laïque jusqu’aux créations d’aujourd’hui donne à penser et à voir. Et c’est déjà une belle invitation au voyage.
Tableaux pluriels de Laurent Fabius, Collection art et artistes, éditions Gallimard, 257 pages, 2022, 28 euros.
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