Simone Veil, émotion aux Invalides avant le transfert annoncé au Panthéon

Publié le 05/07/2017
À l’issue d'une cérémonie d'hommage émouvante rendue à Simone Veil aux Invalides, le chef de l'État a annoncé sa décision de la faire entrer au Panthéon avec son mari.
.

.
Crédit photo : Martin Dumas-Primbault

« J’ai décidé, en accord avec sa famille, que Simone Veil reposerait avec son époux au Panthéon » a conclu Emmanuel Macron lors de son discours pour l'hommage national rendu à l'ancienne ministre de la Santé ce mercredi matin. Une salve d'applaudissements a salué la décision du chef de l'État, et honoré celle qui restera comme une immense figure de la vie politique française.

C'est dans la Cour d'Honneur des Invalides, baignée par un intense soleil, que s'était déroulée la cérémonie. Le président est arrivé, accompagné de son épouse et du premier ministre, au son de La Marseillaise. Après avoir passé les troupes en revues il est allé s'installer au premier rang, entre la famille de la défunte et les membres de son gouvernement, venus en nombre pour l'occasion. Le cercueil a plus tard été déposé au centre de la cour par la Garde républicaine alors qu'était entonnée une émouvante Marche funèbre.

Des invités venus en nombre

Derrière les officiels, les invités se faisaient remarquer par leur nombre et leur diversité, comme pour montrer la personnalité consensuelle qu'avait incarnée Simone Veil. De Jean-Luc Mélenchon à François Fillon en passant par Dominique de Villepin, une large partie de la classe politique était présente. Les anciens chefs de l'État et de gouvernement répondaient également à l'appel, à l'exception de Jacques Chirac, représenté par son épouse Bernadette, et de Valéry Giscard d'Estaing. Plusieurs anciens ministres de la Santé étaient également présents à l'hommage : Marisol Touraine et Roselyne Bachelot mais aussi Bernard Kouchner, auquel Simone Veil avait succédé en 1993 lors de son deuxième passage avenue de Ségur. Dans la foule, on apercevait aussi les habits verts de certains académiciens venus honorer Simone Veil l'Immortelle comme Patrick de Carolis ou Alain Finkielkraut.

Agnès Buzyn était évidemment présente. En qualité de membre du gouvernement mais aussi en raison de son attachement personnel avec la famille de la défunte, elle qui a été l'épouse de Pierre-François Veil. Elle a d'ailleurs rejoint le cortège familial qui suivait le cercueil au moment de quitter les Invalides.

En face, installés sous les arches, derrière le cortège militaire, des dizaines d'anonymes assistaient également à l'hommage. Ils respectaient un silence révérencieux qui témoigne également de la popularité dont jouissait l'ancienne ministre auprès des Français. Ici aussi la foule était hétéroclite. On y retrouvait des Français de tous les âges et de tous les sexes.

Émotion

Dans un éloge funèbre qui a duré un peu moins d'un quart d'heure, le Président de la République a témoigné de « l'immense remerciement du peuple français » pour une vie consacrée « à la justice pour les plus faibles, les plus exposés, les plus humiliés. »

Avant lui, les deux fils de Simone Veil, Jean et Pierre-François se sont succédé à la tribune. Le premier a adressé son hommage à sa « maman » plutôt qu'à la femme politique. En reprenant les mots de son père, Antoine Veil, il a évoqué une « tragédie indélébile » pour parler de la déportation de sa mère à Auschwitz, événement qu'il relate avec une très forte émotion. L'admiration ne manque pas non plus lorsqu'il se souvient du jour où sa mère lui avait renversé sur la tête une carafe d'eau, sous prétexte qu'il aurait « tenu des propos (qu'elle) trouvait misogynes ». « Aujourd'hui je veux te dire que je te pardonne » déclare-t-il, avant de conclure par un touchant : « Je t'aime maman. »

Le second a souhaité faire honneur aux « milliers de témoignages de respect et d'affection reçus ces derniers jours ». Il évoque sa fierté d'être le fils de celle que beaucoup de Français appelaient par son prénom « comme s’ils avaient, eux aussi, sauté sur (ses) genoux ». Un témoignage d'affection confirmé par les nombreux anonymes venus assister à la cérémonie, d'ailleurs ouverte au public à la demande de la famille.

Finalement, c'est au son du Chant des marais, celui des déportés, que le cercueil a quitté les Invalides pour rejoindre le Cimetière du Montparnasse où devait se dérouler l'inhumation.

Martin Dumas-Primbault, envoyé spécial

Source : lequotidiendumedecin.fr