K ENNETH BRANAGH aime Shakespeare. Le grand Will lui a inspiré son premier film, « Henry V », suivi de « Beaucoup de bruit pour rien » et « Hamlet », sans oublier « Au beau milieu de l'hiver », variation sur les difficultés du comédien. C'est aussi un cinéphile qui a su jouer de la veine policière (« Dead Again ») ou fantastique (« Frankenstein ») avec habileté, son seul film à l'inspiration personnelle étant l'émouvant « Peter's Friend ».
Le voici donc une nouvelle fois aux prises avec une intrigue shakespearienne, qui se situe pendant la guerre de Cent Ans et qu'il transpose à la grande époque de la comédie musicale américaine, les années trente et quarante. Aux vers du maître de Stratford sont ainsi mêlés des airs de Gershwin, d'Irving Berlin ou de Cole Porter (un traitement identique à celui de « On connaît la chanson ») tandis que les scènes de danse louchent furieusement du côté de Busby Berkeley, Fred Astaire ou Gene Kelly, frisant parfois la copie pure et simple.
L'histoire n'a pas la moindre prétention de véracité : le roi de Navarre et trois de ses compagnons jurent, à la veille de la guerre mondiale, de s'enfermer dans l'étude pendant trois ans, en refusant toute compagnie féminine ; un serment bien difficile à respecter quand arrivent la délicieuse fille du roi de France et trois belles suivantes. On devine la suite.
Branagh est habile ; il sait diriger ses acteurs (dont Alessandro Nivola, Adrian Lester, Natasha McElhone mais hélas aussi Alicia Silverstone), choisir décors et costumes flamboyants, enchaîner duos et scènes de groupe, parodier les actualités ou les films (« Casablanca » notamment) de l'époque. Preuve de cette habileté : Shakespeare résiste à ce traitement peu orthodoxe et la comédie musicale aussi. Mais le cinéma contemporain n'en est pas enrichi pour autant. « Peines d'amour perdues » est un joli exercice de style, chatoyant et rythmé, rien de plus. Branagh n'a-t-il rien d'autre à nous dire ?
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