L ES troubles sexuels sont fréquents et les médecins prescrivent régulièrement des traitements contraceptifs, hormonaux substitutifs ou des médicaments pour l'infertilité. « Mais si les médecins ont accepté une certaine médicalisation de la sexualité de leurs patients, ils sont souvent gênés par leur manque de formation médicale sur les dysfonctions érectiles et surtout par les difficultés à dialoguer sur les aspects relationnels de la sexualité », souligne le Dr Marie Chevret-Measson, psychiatre et sexologue à Lyon.
« Or si le rôle du médecin est de s'occuper de la partie somatique de la santé sexuelle, il ne peut ignorer les éléments psychologiques ni, à l'inverse, tout renvoyer à ces éléments, sans évaluer la sexualité actuelle du patient et ses références en matière de sexualité », poursuit-elle.
Rien n'est simple, car nombreux sont les patients qui souffrent d'une « non-santé sexuelle », mais n'osent pas en parler à leur médecin, pour différentes raisons, explique le Dr Sylvain Mimou (gynécologue et andrologue à Paris) : soit parce qu'ils sont âgés, et parler de sexualité reste tabou, soit parce que, pour bon nombre d'hommes, c'est l'aveu de la déficience de leur virilité ; enfin, bien souvent, les patients n'imaginent pas que leur médecin peut les écouter et les aider sur un tel sujet.
Amorcer le dialogue
C'est donc bien au médecin d'amorcer le dialogue et de provoquer la discussion. Notamment lorsqu'un patient consulte pour « des troubles fonctionnels répétitifs », a fortiori s'il a plus de 60-65 ans, c'est un signe d'appel qu'il ne faut surtout pas banaliser, même si l'on sait que, avec l'âge, le pourcentage des personnes sexuellement actives diminue, surtout chez les hommes atteints de HTA et/ou de diabète. Cela étant, a rappelé le Dr Pierre Bondil, urologue au CHR de Chambéry, d'après une enquête présentée au dernier congrès de l'AFU (1), 68 % des patients hypertendus et 69 % des diabétiques souhaiteraient une prise en charge de leur dysfonction érectile.
« Une fois le dialogue instauré, il est important que les médecins et les patients emploient des termes qui veuillent dire la même chose pour l'un et pour l'autre. Or il n'est pas rare, souligne le Dr Mimoun, que les patients (hommes et femmes) confondent, par exemple, désir et érection, voire utilisent un terme pour un autre. Or cette distinction est importante, car elle peut être source d'inhibition : il est fréquent que l'homme n'ayant plus d'érection se replie sur lui-même et laisse son désir sous silence, entraînant un certain nombre de conflits conjugaux. »
Lorsque le dialogue est amorcé et que le tabou est levé, les patients sont le plus souvent soulagés de ne plus être seuls face à ce symptôme qui les dépasse, et qui peut faire l'objet d'une prise en charge thérapeutique.
Journée d'amphi parrainée par les Laboratoires Pfizer.
(1) A. Leriche et coll. Enquête sur la prévalence des troubles de l'érection et leur prise en charge chez des patients à risque suivis en consultation de médecine générale. Présentée au congrès de l'AFU en novembre 2000, Paris.
Un programme de FMC sur la dysfonction érectile
Pour répondre au besoin de formation sur les dysfonctionnements érectiles exprimé par de nombreux médecins, le programme « Objectif dysfonction érectile » (ODE) de FMC a été élaboré par trois sociétés savantes : l'Association française d'urologie (AFU), l'Association interhospitalo-universitaire de sexologie (AIHUS) et la Société d'andrologie de langue française (SALF), en partenariat avec les Laboratoires Pfizer. En 1999 et 2000, 40 000 médecins généralistes ont bénéficié de cette formation technique.
Un second volet de cette formation est consacré au dialogue entre le médecin et son patient, et les problèmes relationnels posés par les dysfonctionnements érectiles. « Le but de ce nouveau programme qui a débuté en 2000, explique le Dr Jean-Louis Petit, des Laboratoires Pfizer, est de proposer aux médecins une approche simple et pratique de quelques techniques de communication. »
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