Frédéric Wiseman a toujours filmé des institutions. Sans commentaire ou voix off. Certaines sont plus photogéniques que d’autres. En témoigne le très beau documentaire consacré à ce grand musée de Londres où sont accrochés sur les cimaises de si nombreux chefs d’œuvre de l’histoire de l’art occidental. Mais le bonheur du spectateur n’est pas seulement nourri par la vision de tableaux connus ou non. Il s’attrape aussi par cette modestie, ce talent pédagogique de tous ces experts toujours au service de l’œuvre, même s’ils n’hésitent pas à se lancer dans des guerres picrocholines afin de savoir si les notes sur un tableau de Watteau renvoient ou non à une vraie partition. Ici, le savoir n’est pas neutre. Il est toujours passionné, en aucun cas au seul service d’une élite. L’art est un service public. Ce qui n’exclut pas des frictions entre conservateurs du musée et spécialistes de marketing soucieux avant tout d’élargir les audiences et donc les recettes. Mais dans cette traque sur la naissance des chefs-d’œuvre permise aujourd’hui grâce aux rayons X comme dans l’interprétation du sens d’un tableau, persiste toujours, en dépit de l’érudition ou du savoir, le mystère de l’art et de l’artiste. Tout dire non pas en 24 images/seconde mais par la grâce d’une seule image… le regard du cinéaste ne cesse de se heurter à cette vérité première. D’où un dialogue passionnant entre les arts, les artistes et les œuvres en dehors du temps et de toute chronologie. Le très beau final où un ballet se donne devant des tableaux du Titien traduit au mieux cette ambition. Un grand moment d’art et de réflexion sur la transmission.
National Gallery, un film de Fréderic Wiseman, blaq out diffusion, 20,01 euros.
National Gallery, un film de Fréderic Wiseman, blaq out diffusion, 20,01 euros.
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