C ES dix dernières années, la « pauvreté monétaire » touchait 10 % de la population française, soit 5 millions de personnes dont 1 million d'enfants. Il y a aussi une « pauvreté laborieuse » : on estime que 3,2 millions de femmes et d'hommes travaillent pour un salaire inférieur au SMIC, pour l'essentiel à cause du temps partiel.
Les emplois à moins de 5 000 F par mois, qui concernaient 11 % des salariés en 1983, en touchaient 17 % en 1998. Parmi eux, les très bas salaires (moins de 3 750 F) sont passés de 5 % à 10 % pendant la même période.
Le Centre d'études, des revenus et des coûts évalue à près de 6 % le nombre des salariés en situation de pauvreté. Les travailleurs en question sont à 80 % des travailleuses : 16 % de celles qui ont de très bas salaires sont des mères qui élèvent seules leurs enfants et 15 % ont un conjoint sans emploi. Enfin, parmi les familles dites monoparentales, constituées à 85 % de femmes seules avec enfants, soit 16 % (1,7 million de foyers) de l'ensemble des familles, près de 300 000 ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.
Ces catégories de citoyens ont été identifiées par un groupe de travail nommé « Familles et pauvreté » (1) et qui a été mis en place par Ségolène Royal en septembre 2000. Il a remis un rapport à la ministre, il importe, selon les experts, de libérer de toutes entraves l'accès à la santé. Ainsi, la couverture maladie universelle (CMU), qui apparaît comme un « levier extrêmement important pour la qualité de la vie des parents et des enfants pauvres », doit être rendue « effective ». Et il est des « effets de seuil », qui peuvent produire des résultats pervers chez des personnes dont les revenus sont proches des plafonds.
La ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance, s'inspirant du diagnostic porté par le groupe de travail, souhaite soutenir le développement des réseaux de santé « qui intègrent dans leurs objectifs une prise en charge médico-sociale coordonnée des parents en situation de pauvreté ».
Au cours de ces dernières années, de tels réseaux se sont heurtés à des problèmes de financement.
Il convient de renforcer les moyens des services publics de psychiatrie, confrontés à une surcharge d'activité. Les déficits de professionnels, en particulier de psychiatres, sont criants.
L'amélioration de la prise en charge, à l'hôpital, des parents atteints de cancer, dans ses dimensions sociale et psychique, mérite une attention particulière. L'action des services sociaux ne doit pas être mésestimée, ni les vacations de psychologues et de psychiatres, ou l'intervention de bénévoles « professionnalisés », partout où sont soignées des maladies somatiques graves.
Il est impératif de rendre plus efficace le fonctionnement du système de protection de l'enfance, d'amplifier les efforts par l'insertion économique et de privilégier la mise sous tutelle des prestations par rapport à la suspension des allocations familiales, « même lors de situations d'absentéisme scolaire avéré ».
* Dirigé par Pierre Naves, inspecteur général des Affaires sociales.
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