Édito

Saturation

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Publié le 01/05/2021

Crédit photo : SPL/PHANIE

Pour donner un peu d’air aux réanimations à bout de souffle, les autorités sanitaires misent… sur l’oxymètre de pouls ! Recommandé depuis mi-avril par la HAS pour la surveillance à domicile de certains patients Covid-19, le bon vieux saturomètre est désormais remboursé dans cette indication, sur prescription médicale, à raison d’une semaine de location renouvelable une fois. Près de 110 000 appareils répondant aux normes fixées par la HAS seraient déjà disponibles en officine, et ce nombre pourrait doubler d’ici 15 jours, assure le ministère.

L’objectif affiché est de pouvoir anticiper davantage dégradations et complications chez ces patients volontiers « happy hypoxiques ». Et éviter ainsi certains passages en réanimation par une prise en charge hospitalière plus précoce. Alors que, pour le moment, plus de 50 % des malades admis en service de soins critiques arrivent directement de la ville, sans être passés par la case hospitalisation, les autorités entendent inverser la vapeur.

La mesure peut paraître dérisoire alors que les services de réanimation français accueillaient encore, la semaine dernière, près de 6 000 malades. Et les médecins – qui n’ont attendu ni le feu vert de la HAS ni les calculs organisationnels de la DGOS pour optimiser la surveillance de leurs patients en ville – risquent de saturer rapidement… de tout ce bruit autour de la saturation.

Mais cet engouement soudain des autorités pour l’oxymètre de pouls, largement médiatisé, aura au moins eu le mérite de remédicaliser la perception du Covid. Le temps est loin où toute personne infectée par le SARS-CoV-2, même asymptomatique, relevait d’une prise en charge hors norme par le Samu. Pour autant, tous les patients testés positifs « doivent être orientés rapidement vers un médecin généraliste », martèle régulièrement la HAS. Or, dans les faits, combien de Français positifs se contentent de s’isoler, sans consulter ? Si les chiffres ne sont pas connus, le phénomène n’est pas si anecdotique, estime le ministère, et la tendance pourrait s’amplifier avec l’arrivée récente des autotests…

Bénédicte Gatin, rédactrice en chef


Source : lequotidiendumedecin.fr