Rhétorique nouvelle, pratiques traditionnelles

Publié le 30/01/2001
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VOS MALADES ONT LU

« La Recherche », janvier 2001
« La conservation de la santé a été de tout temps le principal but de mes études et je ne doute point qu'il n'y ait moyen d'acquérir beaucoup de connaissances, touchant la médecine, qui ont été ignorées jusqu'à présent. » Descartes n'abandonnera jamais l'espoir de « trouver une médecine qui soit fondée sur des démonstrations infaillibles », à partir de sa philosophie.
Pourtant, comme l'explique « la Recherche » , Descartes, dans la pratique, restera fidèle à la tradition, tant pour préserver sa santé, fragile dans l'enfance, que pour améliorer celle des autres. A l'expertise médicale, il préférera toujours l'expertise acquise par chacun grâce à une observation attentive de son propre fonctionnement ; et à la saignée et aux remèdes chimiques des médecins du temps, il préférera la « sobriété dans l'alimentation », l'exercice modéré, le repos au lit prolongé. Et il recommandera de « prendre la vie du bon côté ».
Pour « la Recherche », peut-être Descartes a-t-il trébuché sur le statut hybride de la médecine qu'il avait « entrevu » sinon « compris » : « Si l'objet de la science médicale est le corps en général, l'art du médecin ne s'applique qu'à des corps particuliers. » Quoi qu'il en soit, Descartes a certes changé la rhétorique médicale en abandonnant les humeurs au profit de sa théorie mécaniciste, mais il n'a pas fait apparaître de « pratiques... nouvelles et efficaces ». Et la première ligne d'introduction de l'article rapproche curieusement les ambitions actuelles de la génétique de celles de Descartes.

Au bonheur des âmes

« Le Nouvel Observateur », 25 janvier
C'est d'angoisses bien actuelles en ce début de XXIe siècle que se préoccupe « le Nouvel Observateur ». L'hebdomadaire guide en effet ses lecteurs d'une part dans le labyrinthe de ce « BioBio en folie » qui se voudrait réponse à nos peurs alimentaires et, d'autre part, dans le « grand bazar pittoresque » des psychothérapies. Est-ce un tournant dans l'univers de la psychothérapie ou dans la vie du « Nouvel Observateur » ? Toujours est-il que la psychanalyse, jusqu'ici centre premier d'intérêt psy pour l'hebdomadaire, devient surtout ouverture pour « un immense champ de recherches d'une extraordinaire vitalité créatrice ». Et dans le nouveau « Mégastore appelons-le ABA - Au bonheur des âmes », aux rayonnages « pleins de théories contradictoires, de recettes miracles, de méthodes révolutionnaires », l'hebdomadaire a fait une sélection plutôt éclectique. A côté de l' « excellent bordeaux » que représente encore la psychologie des profondeurs, freudienne ou dérivée, il ne dédaigne pas d' « autres cépages », tels que l'hypnose, revue et augmentée façon Erickson, les antidépresseurs nouvelles générations, les techniques comportementales et cognitives, les thérapies familiales, même aussi peu orthodoxes que celles de la Canadienne Marie-Rose Richardson, l'analyse transactionnelle, ou la grande famille des thérapies dites humaines. Quels que soient la théorie et le type de pratique choisis, reste que « la seule chose qui importe, c'est l'alchimie subtile de la rencontre entre deux personnes ».

Le langage, une évidence ?

« Le Journal des professionnels de l'enfance », janvier
« Sauf cas exceptionnel, en trois ou quatre ans, chaque enfant parle la langue de son milieu naturel. » Mais pour peu qu'on y réfléchisse un peu, rien n'est si complexe que cette fonction apparemment si évidente, comme le montre le dossier établi par des professionnels de l'enfance, enseignants, orthophonistes, pédopsychiatres, éditeurs de livres pour enfants, chercheurs en sciences du langage, psychologues... A l'école maternelle, on se préoccupe d'aider ceux qui ont des difficultés liées à leur culture ou à des troubles psychologiques, dans les cabinets d'orthophonistes et en institution, on s'efforce de traiter les difficultés langagières des petits, dans les laboratoires de recherche, on tente de comprendre comment s'acquièrent le vocabulaire et la syntaxe ; les psy, eux relient le développement du langage au développement général. Et l'on peut s'étonner que la plupart des enfants parviennent à utiliser cet outil extraordinaire du langage en si peu de temps : il suffit pour s'en convaincre de considérer par exemple les trois tableaux établis par une orthophoniste pour schématiser les différents temps de « l'apprentissage des marques temporelles » : d'un « tout à l'heure » qui évoque aussi bien un futur qu'un passé proche, à la différenciation d'un hier, d'un avant-hier et d'un bientôt, le travail est pour le moins « ardu ».

Le rire et les pleurs, régulateurs essentiels

« Pleine Vie », février
Rire, c'est bon pour le cerveau, grâce aux endorphines sécrétées et à l'oxygène libéré ; c'est bon pour les poumons dont la ventilation « triple de volume » ; c'est bon pour le ventre, les contractions musculaires stimulant « les fonctions digestives » ; c'est bon pour le visage, dont les muscles sont tonifiés ; c'est bon pour le cœur, la détente permettant de ralentir le rythme cardiaque et d'abaisser la tension artérielle ; c'est bon pour l'ensemble des muscles, qui se relâchent.
Pleurer, c'est bon pour les canaux lacrymaux et les globes oculaires, que les larmes nettoient ; c'est bon pour le psychisme, ainsi libéré de ses tensions et de ses émotions ; c'est bon pour le cœur et les vaisseaux ; c'est peut-être même, ajoute « Pleine Vie », ce qui expliquerait la longévité des femmes.
Bref, « rire et pleurer sont des régulateurs essentiels de notre organisme », et il est bien dommage de constater que l'un comme l'autre se raréfient dans nos sociétés.

BRILLAUD Dominique

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6846