À REGARDER les scènes villageoises ou domestiques, les scènes de genre, historiques ou mythologiques, les intérieurs, le bétail paissant dans la campagne du plat pays, les natures mortes, une impression commune à tout l’art hollandais du XVII e siècle s’impose : la coexistence parfaite du réalisme et de la poésie. Les uvres créées lors de cette grande période d’épanouissement culturel sont harmonieuses. On ne se lasse pas d’en déceler tous les détails.
Avec raffinement et douceur, Jan van Goyen, Jacob van Ruysdael ou encore Meindert Hobbema représentent les paysages mélancoliques de leur terre, à la lumière si particulière, aux cieux menaçants. Thomas de Keyser et Frans Hals se font les spécialistes du portrait (de ce dernier on admirera les « Portrait d'homme » et « Portrait de femme »), tandis que Willem van de Velde a pour sujet de prédilection les marines et Paulus Potter les animaux. Jan Steen et Adrian van Ostade exploitent le thème de la satire villageoise et Gerard ter Borch et Pieter de Hooch celui de la comédie de murs, des scènes de genre et des fêtes paysannes. N’oublions pas de citer les natures mortes de Jan van Huysum et Peter Claesz, ni les peintures de monuments d’Emanuel de Witte et Pieter Jansz Saenredam.
Rembrandt, sa profondeur psychologique, sa vigueur et sa grâce ne sont pas absents de cette réunion de toiles hollandaises : baigné de sa pénétrante lumière dorée et de son fameux clair-obscur, son « Reniement de saint Pierre » allume le regard. Autre clou du spectacle, « la Lettre d'amour » de Vermeer (1632-1675), une toile narrative et délicate, d’une grande densité psychologique.
C’est toute l’âme des peuples qui jaillit de ces uvres de maîtres. On se perdra avec bonheur dans ces anecdotes saisies sur le vif, dans ces détails pointus, dans cette atmosphère d’une si grande force spirituelle. Un théâtre du monde.
Pinacothèque de Paris, 28, place de la Madeleine, tél. 01 42 68 02 01. Tlj de 10 h 30 à 18 heures (tous les premiers mercredis du mois jusqu’à 21 heures). Jusqu’au 7 février.
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