Radioprotection : l’ASN appelle à une vigilance accrue dans le domaine médical

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Publié le 26/05/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

Si en matière d’usages médicaux des rayonnements ionisants, les « événements significatifs de radioprotection » (ESR) ont connu un « léger fléchissement » en 2015, le nombre d’incidents graves s’avère toutefois « en augmentation », constate l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans son rapport annuel.

Erreurs du volume cible à traiter, de côté, de fractionnement des doses, d’identité des patients, ou d’activité lors d’une curiethérapie... Au total, 9 ESR de niveau 2 ou 2 + ont été déclarés l’année dernière. « On a en bruit de fonds, une hausse des incidents tout à fait sérieux dans le domaine médical », a souligné Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN, ce jeudi lors de la présentation à la presse du rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour l’année 2015.

Pierre-Franck Chevet a pointé en particulier la radiothérapie, évoquant le cas d’une patiente atteinte d’un cancer du sein et traitée sur le mauvais sein au cours de 25 des 28 séances programmées. L’année dernière, 525 ESR ont été déclarées dont 220 ont concerné la radiothérapie ou la curiethérapie, 123 la médecine nucléaire, 100 la scanographie et 22 la radiologie interventionnelle.

Nouvelles techniques d’imagerie

« En matière de radioprotection dans le domaine médical, la vigilance doit rester de mise », insiste le président de l’ASN qui appelle à une attention particulière sur la radiologie interventionnelle, les traitements hypofractionnés et les nouveaux dispositifs de radiothérapie, « des machines de plus en plus complexes » dont la prise en main par les équipes semble « imparfaite », considère Pierre-Franck Chevet. « L’essor des nouvelles techniques en imagerie et en radiothérapie impose de renforcer les actions de formation universitaire initiale, ainsi que de formation continue à la radioprotection », peut-on lire dans le rapport.

Des retards sur des urgences

L’ASN constate par ailleurs que « certaines mesures urgentes » préconisées en radiologie interventionnelle depuis « plusieurs années » ne sont toujours pas appliquées sur l’ensemble des structures médicales concernées, qu’il s’agisse du renforcement des effectifs de physiciens médicaux, de la formation des utilisateurs, des moyens alloués aux personnes compétentes en radioprotection, de l’assurance qualité ou des audits des pratiques professionnelles.

Dans le champ de la radiothérapie, si des « progrès » ont été accomplis, des « fragilités » demeurent en termes de management de la qualité et de gestion des risques.

Centrales vieillissantes

Enfin, dans le domaine de la sûreté des installations nucléaire, le président de l’ASN a fait état d’« une situation globalement bonne dans un contexte préoccupant pour l’avenir », marquée principalement par la gestion de sites nucléaires vieillissants. « L’essentiel du parc nucléaire français a été construit dans les années 1980. On s’approche à grands pas de l’échéance des 40 ans », indique Pierre-Franck Chevet.

Pour nombre de ces centrales, la question de la prolongation au-delà de 40 ans pourra être envisagée à condition d’effectuer de lourds aménagements pour que les installations puissent se rapprocher des standards actuels, ceux de « générations 3 », à l’image de ce qui prévaut sur un site comme Flamanville. L’ASN prévoit la publication d’un avis sur cet épineux sujet au plus tôt d’ici la fin de l’année 2018.


Source : lequotidiendumedecin.fr