Quand le passage au « déca » révèle l'efficacité du café dans une dyskinésie génétique

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Publié le 11/06/2019
CAFé

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Crédit photo : S. Toubon

Des médecins français décrivent dans « Annals of Internal Medicine » comment du déca acheté par erreur a permis de confirmer l'efficacité de la caféine dans une maladie orpheline.

Le cas clinique rapporté est celui d'un enfant de 11 ans, chez lequel est diagnostiqué l'an dernier une dyskinésie liée au gène ADCY5. Il n'y a aucun traitement validé pour cette maladie très invalidante, mais les médecins prescrivent depuis quelques années du café « depuis que d'autres patients ont raconté que c'était très efficace contre les mouvements », explique le Pr Emmanuel Flamand-Roze, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).

Un expresso matin et soir

Cette dyskinésie génétique est très rare, de l'ordre de 1 naissance sur 1 million. « Les bras, les jambes et le visage se mettent à bouger de manière très importante, décrit le spécialiste parisien. Cet enfant ne pouvait pas faire de vélo ni même rentrer à pied de l'école, car une crise pouvait survenir n'importe quand. »

Au vu de leurs observations précédentes, les médecins prescrivent à leur jeune patient du café : une tasse d'expresso le matin et une autre le soir. Les parents ne sont pas choqués, étant originaires de Madagascar, cette boisson est souvent utilisée comme remède à différents maux. L'effet du café se révèle rapide et dure sept heures, les mouvements incontrôlés disparaissent presque totalement.

Reprise des mouvements anormaux avec le déca

Mais après quelques semaines, les parents contactent les médecins : le café ne fait plus effet, les mouvements ont repris. Au bout de quatre jours, ils réalisent avoir donné par erreur du décaféiné à leur fils. Une fois le café réintroduit, les mouvements anormaux ont disparu de nouveau.

Au vu de ce test involontaire « en double aveugle contre placebo », les médecins impliqués conseillent la prise de café pour tous les patients atteints de dyskinésie liée au gène ADCY5. « Même si j'avais le cas d'un bébé diagnostiqué avec cette maladie, je lui administrerais du café », assure le neurologue.

L'efficacité du café s'expliquerait par le fait que la caféine se fixe sur des récepteurs liés à la protéine ADCY5 anormale, très présente dans une région profonde du cerveau et responsable des mouvements anormaux. Le café ne fait effet que la dyskinésie liée à ADCY5. L'équipe du Pr Flamand-Roze et du Dr Aurélie Méneret annonce vouloir confirmer ces résultats sur une série de patients.

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr