Avec La Chambre du fils (2001), Nanni Moretti exorcisait une peur, celle de voir mourir un enfant. Dans Mia Madre, il revient à l’autobiographie déguisée en abordant un sujet universel : la mort de la mère. L’héroïne est une femme, mais cela ne trompe personne puisqu’elle est cinéaste. Sous ses traits, Moretti (présent dans le rôle d’un frère discret) se cache à peine. On suit en parallèle deux récits : le tournage d’un film sur une usine en grève ; et les doutes d’une cinéaste au travail, confrontée à la fois à l’agonie de sa mère, au délitement de sa vie de couple et à la crise d’adolescence de sa fille.
Politique, cinéma et vie privée : trois thèmes majeurs de l’œuvre de Moretti. Les années passant, on sent chez l’héroïne (et chez le cinéaste sexagénaire) en plus d’une remise en question, une lassitude, un découragement. Margherita ne se sent plus à la hauteur dans sa vie professionnelle, mais aussi en tant qu’épouse et mère. Et voilà qu’elle doit gérer la mort annoncée de sa propre mère vénérée… Moretti passe de la mélancolie à l’onirisme (belles séquences de rêves) et même à l’humour, avec de brusques changements de ton quand apparaît un comédien américain maladroit, cabotin, insupportable (remarquablement campé par John Turturro). Chacune de ses apparitions, ses trous de mémoire, ses fanfaronnades en plein tournage provoquent le rire. Et cela tempère la gravité du thème annoncé par le titre. Inutile de le préciser, tout ce qui entoure ce départ final, mélancolique à souhait, n’est que beauté et dignité.
Film talien de Nanni Moretti (107'). Avec Nanni Moretti, Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini.
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