A FIN de mieux préciser la place des antiagrégants plaquettaires et des anti-oxydants en prévention primaire cardio-vasculaire chez des patients de médecine générale, un groupe d'investigateurs (Primary Prevention Project PPP, coordonné par le Dr Maria Carla Roncaglioni, Milan), a mis en place une étude sur 4 495 personnes de plus de 50 ans.
L'étude randomisée contrôlée ouverte 2X2 avait pour but d'estimer, contre placebo, l'effet soit d'une faible dose d'aspirine (100 mg/j), soit de 300 mg de vitamine E quotidiennement chez des personnes présentant au moins un facteur de risque cardio-vasculaire reconnu : hypertension, hypercholestérolémie, diabète, obésité, histoire familiale d'infarctus du myocarde précoce ou âge avancé (plus de 65 ans).
Un suivi moyen de 3,6 ans
L'étude a été prématurément interrompue après un suivi moyen de 3,6 ans en raison de la publication de deux études (étude HOT, « Lancet » 1998, « le Quotidien » n° 6154, 12 janvier 1998, et « BMJ » 2000) qui rapportaient un bénéfice significatif à l'utilisation d'aspirine en prévention primaire.
L'analyse des patients de l'étude PPP a porté sur 92,3 % des sujets inclus. Les objectifs primaires ont tous été atteints dans la branche aspirine : baisse significative de la mortalité cardio-vasculaire (risque relatif : 0,56) et, plus généralement, de l'ensemble des événements cardio-vasculaires (risque relatif : 0,77). L'utilisation de faible doses d'aspirine s'est révélée relativement sûre, puisque seulement 1,1 % (contre 0,3 % dans le groupe témoin) des sujets ont subi des complications hémorragiques majeures, entraînant, dans le groupe aspirine, un décès en 8 000 patients-années.
Conformes aux études d'intervention
Les résultats en ce qui concerne l'utilisation de vitamine E dans un but anti-oxydant se sont, eux aussi, révélés conformes aux études d'intervention déjà publiées. Ce type de prescription n'a, en effet, pas influé sur le devenir cardio-vasculaire des patients traités.
Pour l'éditorialiste, le Dr Walter Rosser (Toronto), « ce résultat, qui demande à être confirmé, pourrait s'expliquer par un choix de dose inapproprié ou par un recul insuffisant ».
Les investigateurs estiment que, en matière d'utilisation de faibles doses d'aspirine à visée de prévention primaire, « ces résultats obtenus en médecine générale (chaque généraliste ayant inclus une douzaine de patients) doivent maintenant être étendus à l'ensemble des personnes présentant au moins un facteur de risque cardio-vasculaire ».
« The Lancet », vol. 357, pp. 89-95.
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