Portables : l'accident est le seul risque confirmé

Publié le 30/01/2001
Article réservé aux abonnés

L E seul « réel facteur de risque d'accident » lié à l'utilisation des téléphones portables reste leur usage au volant, estime un rapport sur « les téléphones mobiles, leurs stations de base et la santé » remis au directeur général de la Santé.

Un groupe d'experts présidé par le Dr Denis Zmirou avait été chargé en juin dernier de passer au crible toute la littérature scientifique disponible sur ce sujet. Reprenant les suggestions déjà formulées par des Britanniques en mai dernier, ils recommandent, selon ce rapport cité par « le Monde », d'éviter de se servir des téléphones portables quand les conditions de réception sont médiocres ; car le rayonnement émis par ces appareils est alors plus important. Les experts suggèrent aussi « aux parents qui jugent utile d'équiper leurs enfants d'un mobile de veiller à ce qu'ils en fassent un usage modéré ».
Faute d'une étude de grande ampleur, les téléphones mobiles continuent à donner lieu à toutes les supputations : selon certains scientifiques, ils favoriseraient les maux de tête, alors que pour d'autres, plus rares, ils seraient même responsables de cancers du cerveau. Les auteurs du rapport soulignent à ce propos qu' « aucune information scientifique fiable » n'est encore disponible sur ces menaces.

Une enquête dans 14 pays

La grande étude internationale qui devrait permettre de trancher - et qui était promise depuis plus de deux ans - est tout juste en train de démarrer. Selon le Dr Elisabeth Cardis, chef de l'unité Radiation et cancers au CIRC, l'agence de recherche de l'OMS sur le cancer, qui la pilote, ses premiers résultats ne sont pas attendus avant 2003 ou 2004. Cette enquête doit regrouper quatorze pays - Grande-Bretagne, France, Italie, Suède, Norvège, Finlande, Danemark, Allemagne, Israël, Australie, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, Japon, Canada - et porter sur de 16 000 à 17 000 personnes. Plusieurs milliers de cas de tumeurs seront rétrospectivement étudiés (6 000 cancers du cerveau, 1 000 cancers du nerf acoustique, et 600 à 700 cancers de la glande salivaire) et comparés à des dossiers de témoins, des usagers de téléphones portables non atteints de cancers.
En 1998, la polémique sur l'éventuelle nocivité des téléphones mobiles avait été relancée par une étude australienne dans « le Journal médical d'Australie » (MJA) faisant état d'une augmentation des tumeurs du cerveau, sans cependant conclure à un lien de cause à effet. Le cancer du cerveau est un cancer rare qui représente environ 1 % de tous les cancers et touche surtout les plus de 55 ans ; il est en augmentation depuis une vingtaine d'années, avant même l'existence de ces appareils mobiles. Ce cancer met des années à se développer et il faudra donc attendre au moins cinq à dix ans d'utilisation pour être en mesure de dire s'il existe un risque réel de cancer.
En France, quelque 30 millions de personnes possèdent un portable.

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6846