Par monts et par vaux

C’est à Krasno que commence l’aventure. Ce petit village est la porte d’entrée du parc national du Velebit Nord qui s’étend sur un peu plus de 100 km2 et culmine à 1 699 mètres au mont Rajinac.

Le fameux sentier Premuzic

À quelques kilomètres de là, le jardin botanique est un cirque naturel entouré de montagnes avec un chemin plus ou moins balisé qui permet, selon les saisons, de découvrir plusieurs centaines de fleurs et de plantes, dont certaines endémiques. Toutes doivent d’adapter à la dure condition climatique de la région : le froid, la neige et le vent. Car la « boca » qui règne ici en maître est un vent sec, froid, violent, dont la vitesse moyenne est de 50 à 60 km/h avec des rafales à plus de 200 km/h.

À moins d’un quart d’heure de marche, direction le refuge Zavizan situé à 1 594 mètres. C’est là que l’on pique-nique avant que le gardien des lieux nous offre un café arrosé
d’alcool de prunes. Ragaillardi, nous pouvons maintenant attaquer le fameux sentier Premuzic, le plus beau de toute la Croatie. Fruit de la volonté d'Ante Premuzic qui, en trois ans, de 1930 à 1933 va ouvrir ce chemin à 1 500 mètres d’altitude et permettre de découvrir des espaces impossibles à atteindre auparavant. Pendant la première heure de marche à travers les sous-bois puis sur des chemins de pierre qui surplombent la forêt de pins aux troncs incurvés en raison du poids de la neige qui s’y dépose chaque année, le dénivelé est très faible. Ce qui rend la marche assez facile. Notre guide signale les épicéas, les hêtres, les platanes… Il est intarissable sur la trentaine de sortes d’animaux sauvages qui peuplent le Velebit : ours, lynx, chamois, hiboux ou encore aigles royaux et  loups.

Tout au long des 16 kilomètres de cette portion du Premuzic, soit environ cinq heures de marche en marchant d’un bon pas, des panneaux pédagogiques donnent des informations sur la vie animale, la nature, les arbres, la géologie.

Un spectacle hallucinant

Et puis, brusquement, le paysage change du tout au tout. La végétation a  pratiquement disparu. On fait face à une gigantesque mer de karst. Des amas de pierre blanche, des roches malaxées depuis des siècles, sculptées par la neige, le vent et le froid. Du calcaire tourmenté d’un blanc presque incandescent dans le soleil revenu. Un spectacle hallucinant dans une sécheresse absolue. C’est tout simplement époustouflant !
À chaque virage, ce désert minéral est un émerveillement renouvelé avec ce chaos de pierres blanches compressées, tordues, striées par les éléments.

Le paradis de l'escalade

Changement de décor maintenant : direction Paklenica, de l’autre côté du massif du Velebit. On peut grimper ou marcher ou faire les deux dans les 95 km2 de ce parc national. Composé essentiellement de calcaire, il bénéficie, lui aussi, des phénomènes karstiques : crevasses, gorges, rochers, fosses, grottes. Ce qui explique, dès l’entrée du parc, le nombre important de grimpeurs qui, tel des hommes (ou femmes)-araignées, munis de crampons, pics et cordes, s’exercent à l’escalade des roches jusqu’à 400 mètres de haut. Il existe ici 400 sites équipés en fonction de la difficulté et les grimpeurs venus du monde entier s’en donnent à cœur joie.

Pour les autres, le parc dispose de quelque 150 km de sentiers balisés. Le plus touristique permet de partir du canyon de Velika (grande) Paklenica pour rallier la grotte de Manita Pec, puis la cabane forestière et le refuge. Un chemin qui grimpe assez tranquillement pendant une vingtaine de minutes avant d’atteindre le belvédère qui offre une superbe vue panoramique sur les environs.